Maire de
Nantes
Objet : le bruit des
avions autour de Nantes Atlantique et demande de rendez-vous
Monsieur
le Maire,
Vous êtes très sensible
sur le sujet du bruit, j’ai bien noté une de vos prises de position : « Je suis pour un
durcissement des normes de bruit pour assurer une meilleure qualité de vie des
habitants. C'est une contrainte mais c'est pour le bien-être des
habitants». Vous avez donc sûrement été attentif à l’émotion de
certains de vos administrés, suite à la
publication d’une étude de la
DGAC sur l’évolution du bruit d’ici 2030. Cette étude conclut à
une augmentation importante du bruit (comme on l’avait demandé à la DGAC ?). Un battage médiatique
savamment orchestré a amplifié l’émotion de vos administrés.
La vérité est exactement
inverse ! Les zones de bruit
aéroportuaires diminuent à Nantes, comme partout dans le monde :
- Londres HEATHROW, avec une division par 8 des populations concernées de 1980 à 2006, malgré une augmentation de 60 % du trafic ;
- PARIS où le dernier indice synthétique de bruit aéroportuaire IGMP a baissé de plus de 20,2% depuis le niveau moyen 1999/2000.
- Les aéroports américains, comme en témoigne Anne Kohut, rédactrice en chef de la revue AIRPORT NOISE : « le fait que les zones de bruit rétrécissent malgré l’augmentation du trafic en avions plus silencieux est bien connu aux US ».
- Et même NANTES, suivant les mesures faites depuis des années, auxquelles on fait peu de publicité ! Certaines d’entre elles figurent d’ailleurs sur le site de Nantes métropole.
Il est évident pour les
experts que la diminution actuelle des zones de bruit va s’accélérer avec la
prochaine mise en service d’avions
extrêmement silencieux, l’AIRBUS A350, qui a récemment survolé Nantes dans un
silence impressionnant, l’AIRBUS A 320 NEO, etc. Ces nouveaux avions sont d’ores
et déjà commandés en très grandes quantités, ils consomment très peu et vont
envoyer à la retraite des bruyants gouffres à kérosène, bien avant leur limite
d’âge.
Le CéDpa a fait faire
une étude par des experts néerlandais, spécialisés dans le calcul des PEB.
Celle-ci confirme la diminution des zones de bruit sur Nantes d’ici 2030. Cette
étude a pris en compte la modernisation de la flotte aérienne. Pour un calcul à
l’horizon 2030, il parait évident aux experts néerlandais d’intégrer ce
paramètre, ce n’est pourtant pas le point de vue des fonctionnaires de
la DGAC. Ce
choix de la DGAC
parait incompréhensible, il est indispensable de le faire expertiser, j’estime
qu’on ne peut en rester là. L’enjeu est de taille, n’est-ce pas ?
J’ai travaillé ce sujet
et assisté le CéDpa dans ses travaux. J’estime que Nantes peut continuer sereinement à
urbaniser sans aucun risque de nouvelle contrainte liée au bruit aéronautique
toutes les zones urbaines de Nantes, en
particulier l’ile de Nantes. L’argument suivant lequel « nous ne
pourrions pas accueillir 20 000 habitants si nous ne faisions pas ce choix de
libérer cet espace » est faux :
- d’une part parce que le maintien de la piste pour AIRBUS ne permet de libérer que des zones mineures, en périphérie de la plate forme ;
- d’autre part parce que Nantes est au cœur d’une vaste zone sans reliefs significatifs, où les réserves foncières sont abondantes, donc , il faut être honnête, il n’y a rigoureusement aucun risque de manquer d’espace !
Vous pouvez également
tranquilliser vos administrés sur le sujet du bruit aéronautique. Je me permets
sur ce point quelques suggestions :
1/ une
enquête sur le survol récent de la ville par un RAFALE qui n’avait rien
à y faire ; si vous ne la faites pas, d’autres s’en chargeront. Ce genre de
comportement est honteux, préjudiciable à vos administrés, et doit être
puni.
2/ une
révision de la tarification de l’aéroport de NANTES ATLANTIQUE : on
prétend lutter contre le bruit, or on ne fait rien pour dissuader les vieux
appareils bruyants. Je vous indique ci-dessous le lien vers la tarification de
ZURICH pour vous montrer qu’on peut utiliser l’arme de la tarification pour
dissuader de façon efficace l’utilisation des appareils les plus bruyants.
Notamment la nuit.
3/ une
révision des procédures aéronautiques : il serait facile de diminuer
significativement le bruit sur Nantes, en mettant à jour les procédures. Il est
incompréhensible de bloquer les choses à ce niveau ; Paris l’a fait depuis
plusieurs années, avec un niveau sonore divisé par deux sur de larges
zones.
Par ailleurs, sur un
autre sujet, j’attire votre attention sur les difficultés récurrentes de
l’activité hôtelière à Nantes que vous connaissez bien je suppose. La mise en
place éventuelle de Notre Dame des Landes serait néfaste pour ce secteur
économique. En effet, cet aéroport aura un coût bien supérieur à ce qui est
annoncé, qu’il faudra bien financer, VINCI
n’étant pas réputé faire de la philanthropie. Ainsi, soit les taxes
d’aéroport vont exploser, ce qui provoquera le départ d’une partie des low cost
vers des plateformes plus compétitives, or ces low cost drainent une clientèle
touristique vitale vers Nantes et sa région. Soit il faudra faire comme à
Strasbourg et c’est le contribuable nantais qui sera sollicité à hauteur d’une
dizaine d’euros par passager. Est-ce bien raisonnable en ces temps de fronde
fiscale ? Dans les classements, Nantes
n’est pas vraiment bien placée en termes de charge fiscale. Un de vos
objectifs est bien sûr de défendre le contribuable
Nantais !
Enfin, certaines de vos
prises de position ont attiré mon attention et je profite de ce courrier pour
vous répondre :
- « Nous voulons que notre territoire soit accessible ». La vérité : votre Ville est beaucoup plus difficile d’accès depuis Notre Dame des Landes que depuis Nantes Atlantique, au voisinage immédiat de la rocade de NANTES. Les liaisons avec votre ville (taxi, transport en commun, … Seront au moins deux fois plus couteuses ! Ce nouvel aéroport surdimensionné sera également beaucoup plus cher non seulement au niveau des taxes d’aéroport, mais au niveau de tous les frais indirects : parkings, etc… Le concessionnaire doit bien rentrer dans ses frais !!!!, je vous rappelle que Nantes Atlantique a été plébiscité meilleur aéroport européen de l’année en 2012 par les compagnies aériennes, notamment pour sa compétitivité.
- « L'aéroport sera un projet de territoire pour Nantes et pour Rennes ». J’ai beaucoup de mal à mettre de la substance sur ces belles paroles. Votre homologue le maire de Rennes s’est-il engagé à fermer son aéroport lors de l’ouverture de NDL ?
- « L'aéroport sera une ouverture au monde pour les jeunes de notre territoire et nos chefs d'entreprise ». Même M.Gendron de la CCI de Nantes le reconnait: « Il ne faut pas rêver, ce n’est pas parce qu’on déplacera l’aéroport que de nouvelles lignes se créeront ! » Bien au contraire, des lignes low cost vont partir. La desserte des lignes européennes de NANTES ATLANTIQUE est tout à fait performante aujourd’hui grâce à sa compétitivité, elle se compare de façon favorable à des plateformes de dimensions équivalentes comme Bordeaux ou Beauvais ou même Toulouse quasiment deux fois plus gros !. A l’avenir, elle risque plutôt de régresser si le nouvel aéroport se fait. Quant aux longs courriers, il ne faut pas rêver, des aéroports beaucoup plus gros que NDL en 2050 comme Lyon, Marseille et Nice n’ont au mieux qu’une seule ligne long-courrier régulière. Il n’y a rien de concret derrière cette « ouverture au monde » que vous nous faites miroiter.
Je sollicite de votre
part un rendez-vous, afin de pouvoir répondre à toute question de votre part et
de débattre sur ces sujets fondamentaux pour l’avenir de notre
ville.
Courtoisement,
J.M.RAVIER
chef
d’entreprise,habitant NANTES
centre,
survolé par les avions
depuis 14 ans
Références :
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