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samedi 22 mars 2014

Nouveau site internet de l'ACIPA

Le nouveau site internet de l'ACIPA est désormais en ligne.

Retrouvez-nous sur http://acipa-ndl.fr

Ce blog d'actualité ne sera plus mis à jour.


vendredi 28 février 2014

Communiqué du MEI - Manifestation du 22 février

Le samedi 22 février 2014 à Nantes, le MEI s’est joint aux 50 000 manifestants pacifiques de tous âges venus (de toute la France,  accompagnés par les agriculteurs et leurs 520 tracteurs) pour dire son opposition au projet d'aéroport de NDDL.

La manifestation a malheureusement été aussi le lieu de scènes de violences inacceptables, que le MEI condamne. En revanche il faut néanmoins s’interroger sur les responsabilités des uns et des autres, et, à ce sujet, le MEI appelle à une grande prudence. Qui a décidé de modifier le tracé de la manifestation  pour  défiler devant les bureaux de Vinci ? Pourquoi les forces de l’ordre étaient-elles absentes  lorsque les casseurs entraient en action (bris de vitres ou ramassage de pavés) sous les caméras de télévision pour intervenir finalement trop tard et de façon si spectaculaire ?
L’aéroport actuel offre des possibilités d’aménagements à moindre coût tant financier  qu’écologique : de nombreuses études le prouvent, avec des arguments raisonnés qui ont été très faiblement diffusés par la presse et encore moins via les grands médias.

Le MEI appelle  solennellement le gouvernement à prendre en compte la solution alternative de la rénovation de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique. Cette option représenterait une belle sortie de crise, bienvenue au regard de la situation économique de notre pays. Par son obstination le gouvernement porte une part de responsabilité dans les dérapages violents qui accompagnent l’évolution du dossier de Notre Dame des Landes

Antoine Waechter

jeudi 27 février 2014

Communiqué commun des diverses composantes de la lutte - jeudi 27 février 2014

Samedi 22 février, la manifestation contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes a été le rassemblement le plus massif depuis les 40 ans que dure cette lutte. Nous étions 50 000 ! La présence paysanne était sans précédent avec ses 520 tracteurs. Les comités de soutien sont venus nombreux dans plus de 65 cars.

Des centaines d’initiatives, chars, masques, banderoles et panneaux montrent l’implication de milliers de personnes dans cet évènement.

Une telle démonstration de force n’est évidemment pas pour plaire au gouvernement qui sort ses armes : focalisation sur la question des affrontements occultant les autres initiatives, accusations contre les associations et organisations organisatrices, menaces de nouvelles expulsions, flashballs, lacrymos, grenades assourdissantes faisant de nombreux blessés.

Si le mouvement est traversé d’opinions diverses sur les moyens de lutter, si les affrontements ont suscité parmi nous de vigoureux débats en assemblée, nous restons unis sur le terrain et tenons à réaffirmer notre détermination commune à défendre la zone ensemble face à d’éventuels travaux ou expulsions.


Communiqué de presse de l’ACIPA – Jeudi 27 février 2014

L’ACIPA remercie toute la population des environs immédiats de Notre-Dame-des-Landes et tous les comités de soutien venus de la France entière en car, pour leur présence massive à la manifestation du 22 février.

L’ACIPA condamne la violence organisée, tolérée par des forces de police prenant elles-mêmes en otage des familles entières sous des pluies de grenades lacrymogènes, ce qui s’est traduit d’une part par la détérioration de biens publics et privés qui ont jeté le discrédit sur l’énorme succès de notre mobilisation et d’autre part – et surtout – par de nombreux blessés parmi les manifestants venus participer à un rassemblement inter-générationnel, familial, joyeux et pacifique comme annoncé.

Aujourd’hui, nous pensons aux très nombreux blessés (dont des enfants !)  et aux 2 personnes ayant perdu un œil suite aux tirs de flashballs. Qu’ils soient assurés de tout notre soutien ! Nous ne pouvons donner de chiffres sur le nombre de blessés mais les témoignages continuent d’affluer posant de vraies questions sur la gestion de cette manifestation par les services de l’État. C’est un scandale d’État qui s’accentue avec l’esprit de délation qui se met en place !

A Monsieur Auxiette,  qui ose dire que l’accord politique signé après la grève de la faim de plusieurs de nos camarades en mai 2012, est caduc, nous disons que c’est un mensonge éhonté ! Cet accord a été réalisé à la demande de François Hollande lui-même, conclu et signé avec les opposants par les représentants des 3 collectivités que sont le Conseil Régional (Jacques Auxiette), le Conseil Général (Philippe Grosvalet) et Nantes Métropole (Jean Marc Ayrault). Cet accord stipulait qu’il n’y aurait pas d’expulsion possible pour les paysans en activité sur la zone et les habitants ayant un titre de bail au moment de la DUP de 2008, tant que certains recours ne seraient pas épurés. Il reste toujours un pourvoi en cassation concernant l’ordonnance d’expropriations qui ne peut être examiné tant que les recours liés à l’arrêté de cessibilité ne seront pas jugés au Tribunal Administratif et au Conseil d’État.

Concernant le volet juridique, nous attendons sereinement le jugement des recours déposés contre les arrêtés préfectoraux de décembre 2013 au titre de la Loi sur l’Eau et des espèces protégées. La méthode de compensation, invalidée dans sa globalité par le comité d’experts scientifiques sollicité, ne devrait pas être entérinée sauf à constituer un nouveau passage en force de l’État. L’Europe n’a pas dit son dernier mot non plus : les pétitions des opposants sont toujours ouvertes à ce jour.

Nous réaffirmons notre opposition totale au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes et nous continuerons sans relâche notre travail d’information à la population, notamment lors des réunions d’information organisées par les comités de soutien. Nous soutiendrons également les travaux du groupe de travail technique sur les Plans d’Exposition au Bruit prévisionnels et l’aménagement de Nantes Atlantique.

Enfin, nous appelons à une extrême vigilance sur la ZAD. Nous y serons présents pour défendre et protéger les paysans, les habitants et les terres agricoles menacés d’expulsion ou de destruction, dès qu’il le faudra !

mardi 25 février 2014

Notre Dame des Landes , c’est toujours non ! - Communiqué du CéDpa

Ce 24 février, les élus du CéDpa viennent de réitérer leur demande de rendez-vous  à Monsieur le Préfet, en attente depuis fin novembre. Pour évoquer le fond du dossier et lui faire part de leur mécontentement sur la manière dont le débat avec la Direction Générale de la Direction civile a été biaisé, mais aussi pour lui demander confirmation des propos qu’il semble avoir tenus en conférence de presse à la suite de la manifestation du samedi 22 février.

En effet, dire que les opposants dont nous sommes doivent « cesser d’être la vitrine légale d’un mouvement armé » est non seulement ridicule mais aussi insultant. Nous avons appelé à la manifestation populaire du 22 février et nous ne le regrettons pas. Nous ne sommes pas responsables des échauffourées qui ont eu lieu, car nous ne sommes pas, jusqu’à preuve du contraire, chargés du maintien de l’ordre. Certes, nous condamnons les actes de vandalisme mais, dans le même temps, nous avons de nombreuses interrogations sur la manière dont  la Préfecture a observé et laissé faire ces débordements.

Opposés à la construction de cet aéroport pour des raisons économiques et écologiques, nous avons toujours travaillé avec le souci de la transparence et dans la recherche de la vérité. Nous sommes bien obligés de constater aujourd’hui que ce n’est pas ce qui préside au pseudo dialogue mis en place par le Premier Ministre et le Ministre des Transports. Nous entendons aujourd’hui que les partisans de l’aéroport voudraient justifier le début des travaux par les débordements de samedi ! Les dégâts - réels et choquants - ne peuvent valoir justification pour faire disparaître irrémédiablement une zone humide remarquable pour réaliser un équipement inutile. Nous ne nous laisserons pas enfermer dans ce piège et continuerons à faire toute la vérité sur les mensonges et les faux arguments qui fondent aujourd’hui la « vérité officielle » du projet d’aéroport.

Une mobilisation agricole sans précédent - Communiqué de presse de l'ADECA

 
 
Communiqué de presse de l'ADECA - mardi 25 février

L'ADECA réunie tient à remercier les agriculteurs et les CUMA venus en tracteur, et évidemment, les marcheurs venus eux aussi en masse pour refuser ce projet de déplacement d'aéroport.

520 tracteurs, c'est un niveau que nous n'avons jamais connu dans aucune action ; Ils ont répondu à l'appel du collectif COPAIN et au nôtre.

Cet immense refus du gaspillage des terres n'a pas été relayé par la presse qui a donné la priorité aux violences;  pas un chiffre, pas une évocation, pas une photo. Et pourtant, cette mobilisation agricole est un immense camouflet pour le premier ministre. Camouflet aussi l'ampleur de la mobilisation populaire, chacun sait qu'il faut multiplier  les chiffres de la préfecture par trois pour approcher la réalité.

Vu l'ampleur annoncée de la mobilisation, vu la catastrophe écologique que constituerait ce projet et l'impossibilité de mettre en œuvre, les compensations, ce projet est en train de mourir.

La seule issue pour les porteurs du projet est de discréditer le mouvement par la violence, en particulier auprès des Nantais. Comme par hasard, la violence a été au rendez vous et n'a été maîtrisée que tard après de nombreux dégâts,

 Nous avons eu peur pour les militants et pour notre matériel. Nous comprenons donc, et partageons le désarroi des Nantais devant les dégâts. La violence ne fait pas partie de nos modes d’action.

Mais cette journée ressemble trop à un plan bien préparé: samedi violences, dimanche attaques contre les opposants et les écologistes, lundi, mardi : communication sur les dégâts et on pourra ainsi continuer à essayer d'imposer ce projet.

Nous avons le sentiment d'avoir été pris en otage par d’un côté cent ou deux cent casseurs qui ont fait ce que le pouvoir attendait, et de l’autre par la police dont l’inefficacité était surprenante. Ainsi, ont étés tuées, l’ampleur et la visibilité de cette manifestation.

Mobilisation sans précédent le samedi 22 février - Communiqué du COPAIN

 
Les paysannes et paysans des Copains du 44 et de tous le grand Ouest saluent la mobilisation sans précédent, à Nantes samedi, pour exiger massivement l'abandon immédiat du projet de transfert d'aéroport. Mobilisation réussie grâce à l'organisation forte et unitaire de l'ensemble des composantes de la lutte.

Samedi les tracteurs vigilants posaient le rapport de force dans le calme et la détermination. Il n'y a pas eu de violence due aux paysans, donc la majorité des médias a ignoré la présence pourtant historique de 520 tracteurs dans Nantes.

L'entrée, le stationnement et la sortie de la ville sans incident, grâce à une organisation millimétrée, quoi qu'en dise le préfet, souhaitaient garantir la sécurité des paysannes et paysans souvent venus en famille.

Toute manifestation en milieu urbain entraîne généralement son lot de dégradations et d'exactions plus ou moins contrôlées, sans déchaîner les fureurs partisanes.

Nous déplorons que samedi, le ministère de l'intérieur, le préfet, avec l'accord de pouvoirs politiques, aient sciemment joué avec la sécurité de 50 000 citoyens venus manifester joyeusement en famille, en laissant se développer les affrontements, entraînant des dégâts inadmissibles et révoltants, pour servir la communication des pro-aéroport acculés, prêts à tout pour sauver leur projet d'un autre temps.

Le Copain 44

lundi 24 février 2014

Lettre ouverte de Françoise Verchère à Manuel Valls

Monsieur le Ministre de l’Intérieur,

Je vous ai entendu commenter dès samedi soir les événements en marge de la manifestation contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et vos propos appellent de ma part quelques réactions et aussi plusieurs questions.

Sur les chiffres d’abord : vous avez parlé de 1000 casseurs et de 20 000 manifestants dont vous avez dit qu’il fallait les différencier des premiers. Je crois décidément que vos services ont un problème avec le calcul car nous étions beaucoup plus de manifestants et il y avait beaucoup moins de casseurs : disons qu’on pourrait diviser le premier chiffre et multiplier le second par deux au moins pour approcher de la vérité. Mais dans cette affaire d’aéroport, la vérité est décidément malmenée depuis longtemps…

Sur les fameux casseurs : je vous avoue que j’ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir ; les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l’aéroport de Nantes-Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant « qu’ils allaient gâcher notre manifestation ».

Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre » n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ?

Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant délit ? Est-ce pour cela que vous n’avez pas fait protéger l’agence Vinci, située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier, parkings, aéroports…) dont vous saviez qu’ils seraient forcément des cibles ? Est-ce pour cela que la Préfecture n’a autorisé qu’un parcours ridiculement petit, jamais vu jusque là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du compte combien y a-t-il eu d’interpellations ? Une douzaine seulement…C’est assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel anti-émeute, alors que la fermeture du centre ville était inédite, alors qu’il y avait vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés.

Évidemment les images de « la guérilla urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l’envi plus que celles du char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant paisiblement. Évidemment, cela permettra d’occulter une fois encore le fond du dossier, évidemment le chœur des partisans de l’aéroport poussera des cris horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la manifestation.
Organisateurs qui ont pourtant tenté d’éviter l’affrontement en interposant des tracteurs entre l’imposant mur de fer érigé et ceux qui voulaient effectivement en découdre.

Organisateurs dont le métier n’est pas d’assurer l’ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire mieux que vous… Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire…encore un peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les commissions mises en place. Débat déloyal puisqu’il y a une « vérité officielle » intangible même quand elle est contraire aux faits, aux chiffres et à la réalité. Le Premier Ministre ne reconnaît la validité que de la commission du dialogue à qui il avait donné mission de valider à nouveau le projet, mais refuse de regarder les conclusions accablantes de la commission des experts scientifiques au regard de la loi sur l’eau. Comment croire encore à la parole de l’État ?

En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très lisible et vieux comme le pouvoir.

Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l’opinion publique qui nous est aujourd’hui favorable, on fera appel à la peur du désordre, on utilisera l’image, déplorable je vous l’accorde, des dégradations commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra mettre les moyens (ils sont mille, ne l’oublions pas, et les tritons innombrables…) mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la loi »? Permettez-moi de vous le déconseiller car pour que nous, citoyens, acceptions désormais cette clef de voûte théorique de la société, (« la seule violence légitime est celle de l’État »), il faudrait que l’État soit irréprochable, que la loi soit juste et que ses représentants soient dignes du mandat que nous leur avons confié. Vous avez compris, je pense, que ce n’est pas le cas depuis longtemps.

Depuis deux jours, j’ai lu et entendu que le centre ville de Nantes était « saccagé », qu’un commissariat avait été « dévasté », qu’il faudrait du temps pour « panser les plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être chiffrés, autant dire que c’était l’apocalypse. Les mots eux-mêmes sont visiblement sens dessus dessous... Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour juger de la situation ? Aujourd’hui dimanche, flottait certes une petite odeur de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les nantais flânaient. Je ne nie pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d’autant plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d’argent public qu’induirait le transfert de l’aéroport !

Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu’un jeune manifestant a perdu un oeil à cause d’un éclat de grenade assourdissante. Ce n’était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à Nantes, à cause d’un tir tendu de flash ball lors d’une manifestation sans violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m’interroge sur la manière dont les forces de l’ordre utilisent leurs armes et me scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement persistait dans son projet d’aéroport, la destruction du bocage de Notre Dame des Landes et de la vie qu’il abrite serait elle aussi irréversible.

Il faut arrêter un projet désormais dans l’impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable : respecter la loi sur l’eau, améliorer l’aéroport de Nantes-Atlantique et rendre sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer aux blacks blocs si vous le jugez indispensable.

Dans l’espoir de votre réponse, je vous assure de mes salutations les plus distinguées,

Françoise Verchère,
Conseillère générale de Loire-Atlantique

samedi 22 février 2014

Communiqué des organisateurs de la manifestation anti-aéroport du 22 février

----- Communiqué des organisateurs de la manifestation anti-aéroport du 22 février.

La manifestation d'aujourd'hui a connu une mobilisation inégalée.

520 tracteurs, venus de tous les départements limitrophes ont été comptés, deux fois plus que le 24 mars 2012 à Nantes. Cela marque une implication massive du monde paysan. Les tracteurs vigilants sont prêts à intervenir sur la zad.

Il y avait 63 bus venus de toutes les régions de France, deux fois plus encore que lors de la chaîne humaine. C'est le signe d'une mobilisation nationale et de la connection entre Notre Dame des Landes et d'autres luttes contre les grands projets inutiles et imposés.

Il y avait entre 50 et 60 000 personnes, plus encore que lors de la manifestation de réoccupation du 17 novembre 2012. Il s'agit de la plus grosse mobilisation du mouvement.

Le défilé a été festif, créatif et déterminé, avec des batukadas, salamandres, tritons géants, masques d'animaux marquant le refus de la destruction des espèces protégées et des mesures dites de compensation.
Des prises de paroles et animations ont eu lieu jusqu'à 18h square Daviais.

La préfecture avait choisit de mettre Nantes en état de siège et de nous empêcher d'être visible dans le centre ville. C'est la première fois qu'on interdit à une manifestation d'emprunter le Cours des 50 Otages. Une partie du cortège est passée par l'île Beaulieu. Une autre a essayé de passer par le trajet initialement prévu et a fait face à une répression policière violente avec tir de flashball, gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. Cela n'a pas empêché les manifestants de rester en masse dans les rues de Nantes jusqu'à la fin.

Il existe différentes manières de s'exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n'est pas étonnant qu'une certaine colère s'exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ?

Cette journée est un succès et les différentes composantes de la lutte restent unies sur le terrain. L'opposition ne fait que croître depuis 30 ans. Le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'abandonner le projet d'aéroport !



mercredi 19 février 2014

Lettre de René Leblanc, maire de Quelneuc à Philippe Martin, Ministre de l'Ecologie

Quelneuc  le 31/12/2013

Monsieur Philippe MARTIN
Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie
Hôtel de Roquelaure
246 Bd St Germain
75007 Paris 7ème


Monsieur le Ministre,

Elu depuis 1986 et maire depuis 1995 de la petite commune de Quelneuc,  je vous prie de prendre connaissance d’une lettre ouverte que j’ai adressée la semaine passée à M. Auxiette.
Conscient des risques majeurs pour la vie sur notre planète liés aux excès de consommation des dérivés hydrocarbonés dont la combustion génère le gaz à effet de serre Co2, conduisant à des dérèglements climatiques inéluctables, j’ai beaucoup apprécié que vous ayez décidé de ne pas autoriser actuellement les recherches sur notre sol des gaz et huiles de schistes, puisqu’aussi bien ce sont précisément des dérivés eux-mêmes hydrocarbonés dont l’extraction laisse s’échapper dans l’atmosphère une quantité importante du fameux méthane (CH4), dont l’effet de serre est, hors combustion, 20 fois supérieur au seul CO2.

Nos grands élus de l’Ouest nous rappellent régulièrement, dans les colonnes de leurs publications respectives, la nécessité absolue de lutter contre le réchauffement climatique. Ils nous alertent, à juste titre, sur les conséquences dramatiques que connaîtront demain les jeunes générations, donc vos propres enfants et les leurs, si nous ne devenons pas raisonnables aujourd’hui.
Or, contre toute logique et malgré des faits têtus, dans une sorte d’amnésie collective de leurs grandes et judicieuses recommandations, ils applaudissent à la réalisation d’un aéroport à NDDL, jurant, dans une parfaite et étonnante mauvaise foi plus qu’hallucinante, que cet aéroport sera source de bonheur et de prospérité pour les bretons et ligériens, pour les décennies  à venir.
Que de mensonges, d’hypocrisies, contre-vérités et même ignorance chez certains, pour convaincre nos concitoyens, dont l’immense majorité ne possède pas les informations pour juger de l’aberration de ce projet ubuesque en ce début de XXIème siècle, projet qui n’est que le symbole d’un passé révolu.
Les arguments avancés et assénés à grand renfort de publicités payées par nos impôts, pour justifier l’injustifiable s’écroulent les uns après les autres :
  • Nantes Atlantique serait saturé : un pieux mensonge (voir mon courrier à M. Auxiette)
  • Il serait dangereux : il obtient le meilleur classement « A »
  • Il desservira le monde entier : faux. Les pistes auront l’exacte même longueur que NAI et ne supporteront donc que les mêmes jets.
  • 5 millions d’heures de travail seraient générées pour sa construction : la solution au chômage des bretons, je suppose (creuser et empierrer, à 6 m de profondeur, sous les pistes gorgées d’eau, détruire 1500 ha de terre et encore plus pour les accès, détruire des espèces protégées  mais construire pour tellement de bonheur promis à chacun). Or,  aujourd’hui, on nous dit que la rénovation de NAI aurait un coût plus élevé alors que le tramway n’est qu’à 1200m de l’aérogare. Cette rénovation devrait donc réjouir les décideurs puisqu’elle offrirait plus de travail et sans destruction des terres agricoles  si chères à notre ministre de l’agriculture.
  • A NDDL, les décollages et atterrissages seraient  incessants : mais, au fait, avec quelle énergie après-demain ? Pour transporter qui et où ? Oublierait-on de dire à nos concitoyens et aux bretons notamment que le kérosène n’est pas taxé, que le low-cost coûte énormément au contribuable, alors que l’on veut taxer encore et encore pour les transports de proximité des biens nécessaires à nos entreprises et à nos concitoyens.
Monsieur le Ministre, il est tellement patent qu’il serait préférable de relocaliser, notamment en Bretagne,  nombre de biens, produits quasi gratuitement par les pauvres du tiers-monde (le nouvel esclavagisme du XXIème siècle) et transportés par jet, au prix d’une pollution toujours croissante et de  faire payer au prix coûtant  les  loisirs lointains de nos concitoyens, que nos grands élus bretons, en contradiction avec leurs dires, ont fait le choix de toujours plus polluer. Je parie que notre Ministre du redressement Productif applaudirait toute relocalisation raisonnable et raisonnée.

Rassurez-vous, la nature si mal menée depuis plus d’un demi-siècle, ne supporte plus les outrages que nos élus s’acharnent à lui faire subir. Elle se venge déjà et ce n’est rien comparé à ce que les jeunes générations devront affronter.  Protégeons-les, si nous ne voulons pas être accusés de n’avoir été que de fieffés égoïstes. Devenons raisonnables, limitons au nécessaire et à l’utile les ressources épuisables et déjà trop consommées de nos dérivés hydrocarbonés. Nos grands élus ont conservé l’image des trente glorieuses. Ils n’acceptent pas les évidences. Malheureusement, ce seront leurs propres enfants qui paieront demain, au prix fort, leurs mensonges d’aujourd’hui. A une des membres de la Commission Chéreau à qui je le faisais remarquer, il me fut répondu  « je ne serai pas là pour le voir ». Je répondis que les reproches seraient émis à titre posthume. Belle mentalité ! Mais tellement courante, y compris chez nos élus qui se prétendent visionnaires mais ne sont en réalité qu’égoïstes arque-boutés à la défense d’intérêts très privés ou à une mégalomanie dérisoire..

Aujourd’hui, 31 décembre, NDDL et ses environs (Blain,  Saffré) sont sous les eaux. Demain, après les millions de tonnes de béton déversés et la destruction de toutes ces zones de rétention humides et  de cette faune si riche d’espèces protégées, je vous laisse le soin d’imaginer le désastre. Mais nos grands élus ne savent pas, ils feignent de croire ou de faire croire que « la croissance illimitée de  consommation de nos  richesses épuisables, donc limitées, peut encore être une réalité, alors qu’elle n’est  qu’absurdité.

La justification de ce projet ne repose plus que sur les projets immobiliers au Sud de Nantes, donc à la valorisation exponentielle de quelques notables propriétaires ou de grands groupes alléchés par les énormes plus-values immédiates en perspective  pour des actionnaires avides de biens matériels, mais non avisés et surtout aucunement visionnaires. Nous sommes à mille lieues de l’intérêt général.

Le bruit invoqué ne concernerait donc que la ville de Nantes située à 10kms de NAI. Munissez-vous d’un plan et observez Ablon et son lycée Georges Brassens  dans le prolongement de pistes d’où décollent 6 fois plus de jets qu’à NAI, et Villeneuve le Roi, à seulement 1Km d’Orly. Cet aéroport sera rénové, pas déplacé.

Loïc Marion chercheur à Rennes et grand spécialiste du lac de Grand Lieu a fort bien analysé et rejeté tous les faux arguments développés au sujet de ce lac. En revanche, des dérogations de destructions d’une faune remarquable viennent  de faire l’objet d’arrêtés les autorisant. Une honte, tout simplement. 

Hélas, comme le dit si bien la fable « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Forts d’une triste légalité politique (et encore ?), mais non d’une légitimité, et au mépris de l’avenir et des citoyens qui sont indignés,  messieurs les grands élus faites envoyer à NDDL toujours plus de CRS et garde mobiles, armés jusqu’aux dents,  ouvrir, par la force, la voie aux fossoyeurs. Monsieur le Ministre, si votre Ministère a encore une signification, si vous croyez en l’avenir de notre planète, ne soutenez pas ce projet. D’autres ministres vous applaudiront.

Merci, Monsieur le Ministre, d’avoir lu, les propos d’un élu et citoyen indigné et vigilant  
René Leblanc, maire
  Copie :  Mme DUFLOT  et Najat Belkacem; Mrs Montebourg,  Le Foll,  Garot,  Cuvilliers, Valls et Hamon     
                                            

dimanche 16 février 2014

Une convergence vers Notre-Dame-des-Landes 2014 est en préparation


Message de l'équipe d'organisation de la Convergence NDL 2014.

Le prochain grand rassemblement National contre le projet d'Ayraultport aura lieu à Notre Dame des Landes les 5 et 6 juillet 2014. Nous voulons faire de ce rassemblement, un moment festif certes mais aussi militant.
Il s'agira de faire la démonstration que nous restons plus que jamais déterminés et massivement mobilisés avec une motivation sans faille contre ce projet totalement inutile et contre tous les GPII, contre le saccage et l'accaparement des terres agricoles et de la biodiversité, contre un modèle de société imposé qui ne nous convient pas et qui nous conduit tout droit dans le mur.
Parallèlement à la mise en œuvre de ce grand rassemblement, nous envisageons d'organiser une convergence la plus large possible vers NDL; avec des "caravanes" ( à pied, vélos, tracteurs, voitures...) qui partiraient des principaux sites de lutte où se trouvent les Grands Projets Inutiles et Imposés ,et convergeraient vers NDL ( en organisant des rencontres d'information, rassemblements, meeting dans les villes et campagnes traversées sur les itinéraires) pour arriver au moment du rassemblement final.
Le principe de cette action a été approuvé par la Coordination des opposants (regroupant plus de 50 organisations) et à la rencontre des comités de soutien du 18 janvier 2014 de Fay de Bretagne .

Nous faisons donc appel à vous pour voir les modalités de mener à bien cette action.
Pour joindre l'équipe d'organisation : convergencesnddl2014@gmail.com 


Afin d'organiser la convergence de cet été le groupe convergence attendra les représentants des comités de soutien à partir de 9h cours saint Pierre dans le but de prendre un premier contact pour certains et surtout présenter le projet.
Plus d'infos ici :
http://convergencesndl.over-blog.com/2014/02/trouver-le-groupe-convergencesndl-lors-de-la-manifestation-du-22-%C3%A0-nantes.html


vendredi 14 février 2014

Appel de 12 structures nationales à manifester contre le projet d'aéroport de #NDDL

A l'appel de : Agir pour l'Environnement - Attac - Confédération paysanne - Générations futures - Fédération nationale des Associations d'Usagers des Transports - Les Amis de la Terre - Paysages de France - Réseau Action Climat - Greenpeace - Ligue pour la Protection des Oiseaux - Droit au logement - Solidaires

Ce n'est pas la première fois que nous exprimons ensemble notre indignation contre le projet de Notre Dame des Landes : plus précisément, le projet de transfert de l'actuel aéroport international de Nantes Atlantique (primé au niveau européen, non saturé, ré-aménageable si nécessaire), vers 2000 ha d'une zone humide concernant deux bassins versants, exceptionnelle en biodiversité, porteuse d'un bocage préservé, d'emplois agricoles non délocalisables et de nombreux projets paysans.
Les opposants ont mené depuis des décennies un combat exemplaire : d'abord la construction d'une expertise citoyenne, l'information des habitants, de la région d'abord, plus largement ensuite, jusqu'aux niveaux européen et mondial. Ensuite une guérilla juridique opiniâtre à chaque étape du dossier, accompagnée de l'interpellation constante des personnalités politiques au sein de leurs instances ou lors d'élections. Enfin, interposition physique, grève de la faim et résistance pugnace sur le terrain lors de forages, des destructions et tentatives d'expulsion, en particulier à l'automne 2012.
Rien n'y a fait : aucune argumentation, aucune résistance qui ne se heurte à la seule réalité : il s'agit uniquement d'un choix politique, (comme le reconnaît  le président d'AGO Vinci), d'un acte de foi (lire M. Auxiette, juin 2013, 'Pourquoi j'y crois') dans la plus folle des hypothèses de 'développement', de 'croissance' infinie dans un monde fini. Ce projet d'aéroport incarne jusqu'à la caricature un modèle dépassé. Nous, organisations signataires, portons ensemble, et avec les opposants d'autres valeurs de solidarité, de partage et de respect de notre environnement, de la terre nourricière et du climat.
Ces valeurs partagées exigent que nous mettions tout en œuvre pour l'abandon de ce projet mortifère. Nous interpellons solennellement tous nos adhérents, tous les citoyens, pour qu'ils confrontent les choix faits dans ce projet comme cela est fait pour d'autres grands projets inutiles imposés avec les beaux discours grandiloquents sur les économies nécessaires, la transition énergétique, la sauvegarde du climat.
Les citoyens disent STOP ! Nous disons STOP avec eux ! Que puissent se poursuivre et se développer les prometteuses expérimentations qui se développent depuis plusieurs années sur la zone. Elles nous interpellent car elles nous montrent le réalisme joyeux d'autres possibles, non pas fantasmés, mais déjà en construction.
A cause des rêves de gloire de quelques-uns, de l'appât du gain de certains autres, le péril est là, tout proche, et l'irréparable peut intervenir à tout moment. Seule une mobilisation d'ampleur exceptionnelle peut désormais faire prendre conscience aux décideurs du coût politique qu'aurait pour eux un passage en force, et les faire reculer.
Ensemble, affirmons à Nantes le 22 février : L'aéroport, c'est toujours non !Nous serons là contre les expulsions et les destructions !
Inscription cars, co-voiturages, demandes d'hébergement : voir http://22fevrier2014.blogspot.fr/http://www.annonces-ndl.org/
Et toujours : acipa.free.fr - http://naturalistesenlutte.overblog.com zad.nadir.org

mercredi 12 février 2014

Notre-Dame-des-Landes : À la justice de trancher


Les associations de protection de la nature et de l’environnement contestent devant la justice les autorisations que le préfet de Loire-Atlantique a accordé le 20 décembre 2013 aux porteurs de projet d’aéroport. Ces autorisations rendues nécessaires au titre de la « loi sur l’eau » et des règles de protection des espèces sont illégales : pour faire passer ce projet particulier, l’Etat s’autorise à violer ses propres règles générales de protection de l’environnement !

Des lacunes inacceptables et des avis scientifiques méprisés
En délivrant les autorisations nécessaires à la destruction du bocage humide de Notre-Dame-des-Landes et de la biodiversité qu’il comporte, l’État a refusé d’entendre les avis défavorables des instances scientifiques chargées d’examiner ces dossiers (collège des experts scientifiques, Conseil national de protection de la nature). Il n’a pas non plus pris en considération le travail d’inventaire réalisé par le collectif des Naturalistes en lutte, montrant que l’étude de l’état initial du site était lourdement insuffisante. Pour Guy Bourlès, vice-président de la LPO 44 et de la coordination régionale LPO Pays de la Loire, « plusieurs espèces protégées vont être détruites sans même avoir été identifiées par les maîtres d’ouvrage. Les inacceptables lacunes des inventaires constituent une violation claire de la loi ».

Des autorisations délivrées ... au tour de la justice de se prononcer
La destruction des zones humides du secteur ne fait l’objet d’aucune justification sérieuse de l’absence d’alternative. En outre, la méthode de compensation validée par les arrêtés ne permet pas de garantir que le fonctionnement écologique des zones humides détruites soit remplacé, encore moins sur la durée de la concession (55 ans).
Les associations de protection de l'environnement viennent de déposer, ce jour, des demandes d'annulation qui visent les quatre arrêtés pris le 20 décembre 2013 par le préfet de Loire-Atlantique.
Pour Michel Dubromel, responsable Transports de FNE, « l’État a franchi la ligne rouge en délivrant ces autorisations alors même qu’il sait que la méthode de compensation ne répond pas aux exigences légales. Il appartient maintenant à la justice indépendante de se prononcer sur le dossier ».


lundi 10 février 2014

Interrogations sur les aspects météorologiques

Lettre ouverte de J. Bankir au directeur de la DGAC
 
Paris, 7 février 2014

Monsieur le Directeur Général,

A la suite de la lettre que je vous ai adressée le 31 décembre dernier, j’ai eu l’occasion de dialoguer avec des pilotes nantais et, à la réflexion, toute une série d’interrogations nous sont venues sur les aspects météorologiques. Ceux-ci, à notre connaissance, ont été traités assez superficiellement.

Or, comme souligné dans ma dernière lettre, le budget initial annoncé pour Notre Dame des Landes est plus que serré. Pour pouvoir justifier l’investissement de 500 millions d’Euros, on a rogné dans tous les domaines et limité la capacité de l’aéroport, à l’ouverture, à 4 millions de passagers, ce qui est le trafic actuel de Nantes-Atlantique. Comme je le disais précédemment, c’est la négation même de l’utilité de l’aéroport dont on n’imagine guère, à ce stade, qu’il puisse être opérationnel avant 2018 ou 2019.

On peut donc légitimement se poser la question du nombre d’impasses qui ont pu être faites ici où là.

J’ai le privilège de l’âge et d’avoir vécu l’ouverture de Roissy-Charles de Gaulle. Je me souviens parfaitement de ces jours, nombreux, les premières années, où le Bourget était parfaitement dégagé, Orly, légèrement dans le brouillard, et CDG, totalement inaccessible. Le mur de brouillard que l’on pénétrait sur les 10km qui séparent LBG de CDG, était spectaculaire. Le phénomène avait une telle ampleur que nous avions été amenés à baser un certain nombre de Caravelles à LBG, pendant les périodes critiques.

Ce n’est pas un cas unique. On construit des aéroports là où l’on évitait d’habiter, dans des zones humides et relativement désertes. Mais, dans le cas de CDG, lancé alors que le trafic croissait de 16% par an et doublait tous les 5 ans, avec les quatre pistes, l’extension des installations passagers, fret et industrielles, tout ce qui a été construit aux alentours, les villages environnant étant devenus des villes et, surtout, les 500.000 mouvements, ces incidences se sont faites rares. Ce ne sera pas le cas de NDL où le nombre de mouvements prévus restera ridiculement faible selon vos propres prévisions tandis que l’on évitera, espérons-le, qu’une ville se développe tout autour. Et cet aéroport doit être construit sur un plateau, à 60 mètres d’altitude en moyenne, terriblement humide.

La contrainte du brouillard risque d’ailleurs d’être sévère pour les compagnies régionales, les charters et les low-costs, soit la quasi-totalité du trafic de Nantes, ce type de compagnies n’ayant pas toujours la politique ou les moyens d’investir et/ou de maintenir la qualification machines/équipages, s’agissant d’approches en catégorie 3.

Il y a enfin, le problème délicat du dégivrage, extrêmement polluant. ADP avait pris une infinité de précautions pour éviter la pollution d’une zone propre, de part et d’autre de la ligne de séparation des eaux de l’Oise et de la Marne. On espère que l’impasse dans ce domaine, n’est pas totale.

Mes amis pilotes ont donc rédigé le mémo qui est joint à cette lettre.

Nous espérons que vous voudrez bien répondre à leurs questions.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de mes salutations respectueuses.

Jacques Bankir

Lettre adressée à Monsieur Patrick Gandil, Directeur Général de l’Aviation Civile, DGAC, 50 rue Henri Farman, 75720 Paris cedex 15.

Pièces jointe : Memorandum du 7 février sur les questions posées par les pilotes, futurs utilisateurs de Notre Dame des Landes

Memorandum sur les questions posés par les pilotes, futurs utilisateurs de Notre Dame des Landes

Les pilotes de Nantes Atlantique se réunissent à échéance régulière pour faire le point sur l'avancement du projet de mise en œuvre de la future plate-forme de Notre Dame des Landes. Ces réunions ont pour objet premier d'analyser les études qui ont été menées par les autorités et les divers intervenants mandatés. Ce afin d'anticiper les conditions dans lesquelles les professionnels que nous sommes seront amenés à exploiter les infrastructures de ce futur aéroport avec pour priorité la sécurité des vols.

Des débats menés durant ces réunions, certes informelles, mais structurées et constructives, il ressort un certain nombre de questions qui n'ont toujours pas trouvé de réponses malgré la lecture approfondie des rapports d'études que nous nous sommes procurés, quelquefois publiés sous le sceau d'une confidentialité bien incompréhensible de notre point de vue de contribuables d'une part et de professionnels du transport aérien d'autre part. Peut-être aurons-nous des précisions sur les raisons pour lesquelles certaines informations n'ont pas été mises à la disposition du plus grand nombre ?

Aussi, en propos liminaires, il est essentiel de préciser que les pilotes n'ont aucun a priori sur le projet de l'aéroport de Notre Dame des Landes. Ils veulent connaître, si le projet devait in fine aboutir, les conditions dans lesquelles ils pourraient être amenés à exercer leur activité professionnelle avec pour unique priorité de garantir la sécurité des clients que sont les passagers et, par là même, la leur. A cela il faut ajouter que les compagnies qui décideront de s'implanter sur cette plate-forme devront trouver toutes les facilités leur garantissant une exploitation fluide et continue.

C'est pourquoi nous soumettons les questions auxquelles il nous semble essentiel d'obtenir des réponses précises pour préparer sur le long terme les éventuelles formations qu'il sera probablement nécessaire de délivrer aux pilotes des compagnies qui exploiteront cet aéroport. Aéroport qui, selon les diverses pièces du projet, se présente comme un concentré de technologie, tant dans le domaine de la sécurité que celui également sensible du respect de l'environnement, ce dont nous ne doutons pas.

Nos questions concernent quatre grands thèmes que nous souhaitons évoquer et ce dans le cadre du budget initial :

A propos de la météorologie locale

Existe-t-il des études qui auraient dénombré le nombre de jours durant lesquels la visibilité est descendue en dessous de 500 mètres et ce, pendant quelle durée ?

De la même façon, l'orientation des pistes a-t-elle tenu compte des occurrences de vents perpendiculaires aux axes, supérieurs à 30 kts, valeur au delà de laquelle bon nombre des avions modernes sont limités sur une piste mouillée, ce qui imposerait un déroutement ?

A-t-il été établi une statistique du nombre de jours qui imposeraient des procédures de dégivrage et d'antigivrage des avions avant leur vol ?

A propos de l'accessibilité aéronautique

Les documents en notre possession ne stipulent pas les types d'approches qui seront disponibles dès l'ouverture de l'aéroport, sur les 4 axes. Sera-t-il dès lors possible d'effectuer des approches de catégorie 2, de catégorie 3 ?

Un ILS est-il prévu d'être installé sur chacun des axes d'approche ?

Quels types de rampe d'approche est-il prévu d'être installé sur chaque entrée de piste ?

Les contrôleurs disposeront-ils d'un radar d'approche sur la plate-forme ou simplement d'un déport radar qui pénalise quelque peu le flux de trafic compte tenu des espacements plus important qu'il impose ?

A propos de la protection de l'environnement

Le projet a-t-il prévu une baie spécifique pour effectuer les opérations de dégivrage/antigivrage ou sera-t-il possible de dégivrer au poste de stationnement ?

Sachant que l'aéroport sera sis sur une zone particulièrement humide et sensible, les produits de dégivrage, dangereux et polluants, seront-ils systématiquement collectés en vue de leur recyclage ?

Les procédures de départ antibruit seront-elles compliquées à suivre et feront-elles l'objet d'une surveillance particulière de l'ACNUSA ?

Existera-t-il des contraintes spécifiques quant à l'utilisation des inverseurs de poussée à l'atterrissage ?

Même question pour l'utilisation des APU (Unité Auxiliaire de Puissance) ?

Les plans de descente en approche seront-ils « standards » ou seront-ils accentués pour minimiser l'impact des nuisances sonores ?

A propos de l'infrastructure et des équipements

Sachant qu'il est aujourd'hui encore très difficile sur bon nombre de terrains d'obtenir des coefficients de glissance lorsque les pistes sont contaminées, a-t-il été imposé au futur exploitant de la plate-forme de s'équiper en conséquence ?

Quels seront les équipements mis en oeuvre en cas de situation imposant un dégivrage/antigivrage des avions ? Quels types de produits seront proposés ?

Aurons-nous la possibilité de connaître précisément la hauteur d'eau sur la piste, avant le départ, lors de fortes précipitations ?

Les taxiways seront-ils équipés de cheminements lumineux pilotables par le contrôleur pour minimiser les échanges radio inutiles, comme cela se fait depuis de nombreuses années chez nos amis britanniques ?

Sur quels arguments pertinents repose la décision qui a été prise de créer 2 pistes avec des axes convergents ?

La plate-forme disposera-t-elle d'un service météorologique digne de ce nom ou devra-t-elle se contenter d'une station automatique dont on connaît tous l'approximation toute relative des mesures et des relevés ?

Quel seront le niveau SSLIA maximum et les moyens de lutte contre l'incendie prévus pour l'exploitation de la plate-forme ?

Compte tenu du fait que les taxiways sont limités à un seul accès à chaque piste, tout comme les postes de stationnement sont minimalistes, qu'a-t-il été prévu par les autorités dans le cas où les postes de stationnement seraient tous occupés alors même que d'autres avions continueraient à se poser ? En pareils cas, les roulages risquent fort de durer plus longtemps ce qui occasionnera une pollution inutile en attendant qu'un ou plusieurs postes se libèrent.

En conclusion, les études qui ont été menées ou, en tout état de cause, qui ont été fournies aux divers acteurs qui seront susceptibles d'exploiter cet aéroport encore à l'état de projet, ne permettent pas de répondre à toutes ces questions qui sont pour nous, pilotes de transport, essentielles en matière de sécurité.

En espérant que ce mémorandum apportera des réponses à nos légitimes interrogations.

Les pilotes de Nantes Atlantique

vendredi 17 janvier 2014

Naturalistes en lutte : conférence de restitution des études sur la nature à Notre-Dame-des-Landes, le 27 janvier 2014 à Nantes


Le collectif des Naturalistes en lutte, avec le soutien de la coordination des opposants propose une soirée exceptionnelle sur la nature à Notre-Dame-des-Landes animée par Denis Cheissoux.

Après un an de travail sur le terrain et d’étude des dossiers réalisés, les experts des naturalistes en lutte mettront en évidence les incroyables insuffisances des dossiers officiels et les conséquences environnementales du projet d’aéroport.

Lundi 27 janvier

20h30

Salle de la Manufacture de Nantes 10 boulevard de Stalingrad


Cette conférence sera suivie d'une sortie sur le terrain dans le cadre de la journée mondiale des zones humides.

Rendez-vous le dimanche 2 février 2014 à 14h 00 à la Vacherie, lieu-dit les Domaine, Notre-Dame-des-Landes.

mardi 14 janvier 2014

Lettre ouverte d'un chef d'entreprise à M. Patrick Rimbert, maire de Nantes sur l'impact économique du projet

LETTRE OUVERTE à M. Patrick Rimbert,
Maire de Nantes


Objet : le bruit des avions autour de Nantes Atlantique et demande de rendez-vous

Monsieur le Maire,
Vous êtes très sensible sur le sujet du bruit, j’ai bien noté une de vos prises de position : « Je suis pour un durcissement des normes de bruit pour assurer une meilleure qualité de vie des habitants. C'est une contrainte mais c'est pour le bien-être des habitants». Vous avez donc sûrement été attentif à l’émotion de certains de  vos administrés, suite à la publication d’une étude de la DGAC sur l’évolution du bruit d’ici 2030. Cette étude conclut à une augmentation importante du bruit (comme on l’avait demandé à la DGAC ?). Un battage médiatique savamment orchestré a amplifié l’émotion de vos administrés.

La vérité est exactement inverse ! Les zones de bruit aéroportuaires diminuent à Nantes, comme partout dans le monde :
  • Londres HEATHROW, avec une division par 8 des populations concernées de 1980 à 2006, malgré une augmentation de 60 % du trafic ;
  • PARIS où le dernier indice synthétique de bruit aéroportuaire IGMP a baissé de plus de 20,2% depuis le niveau moyen 1999/2000.
  • Les aéroports américains, comme en témoigne  Anne Kohut, rédactrice en chef de la revue AIRPORT NOISE : « le fait que les zones de bruit rétrécissent malgré l’augmentation du trafic en avions plus silencieux est bien connu aux US ».
  • Et même NANTES, suivant les mesures faites depuis des années, auxquelles on fait peu de publicité ! Certaines d’entre elles figurent d’ailleurs sur le site de Nantes métropole.

Il est évident pour les experts que la diminution actuelle des zones de bruit va s’accélérer avec la prochaine mise en service  d’avions extrêmement silencieux, l’AIRBUS A350, qui a récemment survolé Nantes dans un silence impressionnant, l’AIRBUS A 320 NEO, etc. Ces nouveaux avions sont d’ores et déjà commandés en très grandes quantités, ils consomment très peu et vont envoyer à la retraite des bruyants gouffres à kérosène, bien avant leur limite d’âge.

Le CéDpa a fait faire une étude par des experts néerlandais, spécialisés dans le calcul des PEB. Celle-ci confirme la diminution des zones de bruit sur Nantes d’ici 2030. Cette étude a pris en compte la modernisation de la flotte aérienne. Pour un calcul à l’horizon 2030, il parait évident aux experts néerlandais d’intégrer ce paramètre, ce n’est pourtant pas le point de vue des fonctionnaires de la DGAC. Ce choix de la DGAC parait incompréhensible, il est indispensable de le faire expertiser, j’estime qu’on ne peut en rester là. L’enjeu est de taille, n’est-ce pas ?

J’ai travaillé ce sujet et assisté le CéDpa dans ses travaux. J’estime que Nantes peut continuer sereinement à urbaniser sans aucun risque de nouvelle contrainte liée au bruit aéronautique toutes les zones  urbaines de Nantes, en particulier l’ile de Nantes. L’argument suivant lequel « nous ne pourrions pas accueillir 20 000 habitants si nous ne faisions pas ce choix de libérer cet espace » est faux :
  • d’une part parce que le maintien de la piste pour AIRBUS ne permet de libérer que des zones mineures, en périphérie de la plate forme ;
  • d’autre part parce que Nantes est au cœur d’une vaste zone sans reliefs significatifs, où les réserves foncières sont abondantes, donc , il faut être honnête, il n’y a rigoureusement aucun risque de manquer d’espace !

Vous pouvez également tranquilliser vos administrés sur le sujet du bruit aéronautique. Je me permets sur ce point quelques suggestions :
1/ une enquête sur le survol récent de la ville par un RAFALE qui n’avait rien à y faire ; si vous ne la faites pas, d’autres s’en chargeront. Ce genre de comportement est honteux, préjudiciable à vos administrés, et doit être puni.
2/ une révision de la tarification de l’aéroport de NANTES ATLANTIQUE : on prétend lutter contre le bruit, or on ne fait rien pour dissuader les vieux appareils bruyants. Je vous indique ci-dessous le lien vers la tarification de ZURICH pour vous montrer qu’on peut utiliser l’arme de la tarification pour dissuader de façon efficace  l’utilisation des appareils les plus bruyants. Notamment la nuit.
3/ une révision des procédures aéronautiques : il serait facile de diminuer significativement le bruit sur Nantes, en mettant à jour les procédures. Il est incompréhensible de bloquer les choses à ce niveau ; Paris l’a fait depuis plusieurs années, avec un niveau sonore divisé par deux sur de larges zones.

Par ailleurs, sur un autre sujet, j’attire votre attention sur les difficultés récurrentes de l’activité hôtelière à Nantes que vous connaissez bien je suppose. La mise en place éventuelle de Notre Dame des Landes serait néfaste pour ce secteur économique. En effet, cet aéroport aura un coût bien supérieur à ce qui est annoncé, qu’il faudra bien financer, VINCI  n’étant pas réputé faire de la philanthropie. Ainsi, soit les taxes d’aéroport vont exploser, ce qui provoquera le départ d’une partie des low cost vers des plateformes plus compétitives, or ces low cost drainent une clientèle touristique vitale vers Nantes et sa région. Soit il faudra faire comme à Strasbourg et c’est le contribuable nantais qui sera sollicité à hauteur d’une dizaine d’euros par passager. Est-ce bien raisonnable en ces temps de fronde fiscale ? Dans les classements, Nantes  n’est pas vraiment bien placée en termes de charge fiscale. Un de vos objectifs est bien sûr de défendre le contribuable Nantais !

Enfin, certaines de vos prises de position ont attiré mon attention et je profite de ce courrier pour vous répondre :
  • « Nous voulons que notre territoire soit accessible ». La vérité : votre Ville est beaucoup plus difficile d’accès depuis Notre Dame des Landes que depuis Nantes Atlantique, au voisinage immédiat de la rocade de NANTES. Les liaisons avec votre ville (taxi, transport en commun, … Seront au moins deux fois plus couteuses ! Ce nouvel aéroport surdimensionné sera également beaucoup plus cher non seulement au niveau des taxes d’aéroport, mais au niveau de tous les frais indirects : parkings, etc… Le concessionnaire doit bien rentrer dans ses frais !!!!, je vous rappelle que Nantes Atlantique a été plébiscité meilleur aéroport européen de l’année en 2012 par les compagnies aériennes, notamment pour sa compétitivité.
  • « L'aéroport sera un projet de territoire pour Nantes et pour Rennes ». J’ai beaucoup de mal à mettre de la substance sur ces belles paroles. Votre homologue le maire de Rennes s’est-il engagé à fermer son aéroport lors de l’ouverture de NDL ?
  • « L'aéroport sera une ouverture au monde pour les jeunes de notre territoire et nos chefs d'entreprise ». Même M.Gendron de la CCI de Nantes le reconnait: « Il ne faut pas rêver, ce n’est pas parce qu’on déplacera l’aéroport que de nouvelles lignes se créeront ! »   Bien au contraire, des lignes low cost vont partir. La desserte des lignes européennes de NANTES ATLANTIQUE est tout à fait performante aujourd’hui grâce à sa compétitivité, elle se compare de façon favorable à des plateformes de dimensions équivalentes comme Bordeaux ou Beauvais ou même Toulouse quasiment deux fois plus gros !. A l’avenir,  elle risque plutôt de régresser si le nouvel aéroport se fait. Quant aux longs courriers, il ne faut pas rêver, des aéroports beaucoup plus gros que NDL en 2050 comme Lyon, Marseille et Nice n’ont au mieux qu’une seule ligne long-courrier régulière. Il n’y a rien de concret derrière cette « ouverture au monde » que vous nous faites miroiter.  

Je sollicite de votre part un rendez-vous, afin de pouvoir répondre à toute question de votre part et de débattre sur ces sujets fondamentaux pour l’avenir de notre ville.

Courtoisement,

J.M.RAVIER
chef d’entreprise,habitant NANTES centre,
survolé par les avions depuis 14 ans  

Références :  

jeudi 2 janvier 2014

Lettre ouverte de Jacques Bankir à M. Gangil, Directeur Général de l’Aviation Civile et M.Hulliard, PDG de Vinci

Lettre ouverte
Paris, 31 décembre 2013

Monsieur Gandil,  Directeur Général de l’Aviation Civile,
Monsieur Huillard, Président Directeur Général de Vinci,

C’est très sincèrement que je vous présente mes meilleurs vœux pour 2014. Que cette année soit celle de la raison, du bon sens et de la sérénité pour tous.

Cher Monsieur Gandil, j’ai eu le plaisir de dîner à côté de vous il y a quelques années. J’ai été frappé par votre esprit d’ouverture et par la vivacité de vos propos, s’agissant de notre métier, le transport aérien.

Monsieur Huillard, je ne vous connais pas mais j’ai pu apprécier le dynamisme et la qualité de vos équipes, en particulier dans le domaine aéroportuaire.

C’est pourquoi je tiens à vous adresser cette lettre. J’ai toujours été surpris et choqué par le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Je ne doute pas qu’au fond de vous-mêmes, vous aussi éprouviez quelque part un certain doute. Dernièrement, j’ai accepté de participer à un débat public sur le sujet qui m’a valu quelques interviews de la presse écrite et de la radio. Je vous précise, comme je le fais à chaque fois, que je ne m’exprime au nom d’aucune association, d’aucun parti mais simplement en tant que professionnel du transport aérien qui a passé cinquante ans à parcourir bien des aéroports.

Les grands projets, je connais et je les respecte. J’ai participé à la gestation de Concorde, à la préparation de la mise en œuvre de CDG 1 et à la conception de CDG 2 en travaillant la main dans la main avec les brillants « trois mousquetaires » d’ADP : Andreu, Albouy, Clinckx, Déjou. Je connais Nantes aussi, une ville que j’aime beaucoup, pour avoir été, pendant cinq ans, PDG de Régional. Cela a été une expérience passionnante et, comme vous le savez, les cas de fusions réussies sont rares. Celle-là a été considérée comme incontestable et a valu beaucoup de bonheur à toute l’équipe.

Hélas, dans le projet de NDL, rien ne paraît crédible. Je comprends le rêve des élus qui voudraient marquer leur règne et flatter l’ego de leurs électeurs en les dotant d’un grand aéroport régional. Je crains aussi que des intérêts immobiliers plus ou moins mal compris ne viennent brouiller les idées. C’est du moins ce que me laisse à penser la réflexion d’un élu : «  Vous auriez dû venir nous voir, on vous aurait expliqué les enjeux ».
Certes, il y a quarante ans, au démarrage du projet, on imaginait que partir de Nantes éviterait aux avions supersoniques le survol du continent et que l’on pourrait rabattre le trafic sur ce hub en avions moyen-courrier et en TGV. C’était évidemment utopique ! On mettait 15 minutes en Concorde, depuis CDG,  pour atteindre Jersey avant d’accélérer et de passer le mur du son. Pourquoi perdre deux heures pour atteindre Nantes ?

Il en est de même de l’idée du hub provincial qui a pris bien du plomb dans l’aile. Le seul hub qui a été à peu près réussi en France est celui de Lyon mis au point par Air Inter pour faire du province-province et qu’Air France a complété par des lignes sur l’Europe. Mais Lyon a été incapable d’obtenir de façon pérenne un vol sur New York. Seul Emirates est présente en long-courrier du fait d’une politique prédatrice qui donne bien du souci à nos vieilles compagnies. Et les low-costs rendent l’économie du hub de plus en plus fragile. Ils se développent aux dépens des compagnies traditionnelles. Quant au prix de la gare TGV de Satolas qui devait amener du trafic de tout le pays, il a fait scandale à l’époque. Près de quarante ans plus tard, le nombre de passagers qui l’utilisent est négligeable. Et pourtant, Lyon est un carrefour naturel et bien placé depuis le temps des Romains, entre Europe du Sud et Europe du Nord.

A Nantes-Atlantique (NTE en code IATA), il n’est que d’examiner les statistiques de l’Union des Aéroports Français, pour constater le même phénomène : ce sont les low-costs qui ont fait l’essentiel de la croissance de ces dernières années. Et le long-courrier est limité à une poignée de vols charters qui s’accommodent sans problème des installations existantes.

Cela étant, les aéroports français ont réagi de façon énergique face à la détérioration de leur situation. Après avoir bénéficié du premier réseau domestique européen, ils ont vu leur trafic stagner tandis que celui des aéroports de province du Royaume Uni, d’Espagne, d’Italie et d’Allemagne s’envolait. Ils ont créé French Connect pour attirer les low-costs et ont ainsi établi un des forums compagnies-aéroports les plus appréciés. Marseille a construit son aérogare low-cost MP2 et en est fière. Bordeaux a suivi avec Billi dont le rapport qualité-prix est encore plus remarquable.

S’agissant de NDL, un journaliste m’a posé une question pertinente : « Pourquoi les compagnies ne protestent-elles pas ? ». La réponse est évidente. Nantes est pour elles un point mineur de leur réseau. Elles connaissent l’administration française et son protectionnisme qui a freiné l’essor des compagnies low-costs et, justement, pénalisé la province française. Elles ne tiennent pas du tout à se mettre en avant. Pour elles, c’est simple, si NDL se révèle trop cher, elles iront ailleurs, à Lorient, à Angers ou à Rennes. En attendant, elles se disent que si la France veut faire payer la facture à ses contribuables, ce n’est pas leur affaire. J’ai posé la question, au dernier French Connect, à un panel où toutes les grandes compagnies low-costs étaient représentées. Les réponses furent une volée d’admirables et très gênés faux-fuyants.

En revanche, EasyJet vient de réagir nettement devant les conclusions préliminaires du 17 décembre de la « Airports Commission » sur l’avenir des aéroports de Londres et se félicite de ses recommandations. Cette commission conclut qu’un nouvel aéroport, dans les bouches de la Tamise, serait une aventure coûteuse et pleine de risques. La solution sage et qui perpétue une politique constante depuis cinquante ans, est de tirer tout le parti de l’existant en construisant une troisième piste à Heathrow et/ou une seconde piste à Gatwick.

On n’aime pas beaucoup en France que l’on rappelle comme nos aéroports sont mal utilisés par rapport à certains des aéroports de nos voisins. Mais il n’empêche que Heathrow (1300ha, 2 pistes) traite plus de passagers et presque autant de mouvements que Roissy-CDG (3200ha, 4 pistes) avec une superficie nettement inférieure à celle d’Orly (1600ha, 2 pistes) et de l’ordre de grandeur de celle que l’on prévoit pour NDL (1200ha, 2 pistes). Et Gatwick, avec sa piste unique et sa superficie inférieure à celle du Bourget, a un trafic en mouvements et en passagers, nettement supérieur à Orly. Je ne parle pas de London City avec son trafic égal à celui de Nantes, constitué d’avions de 50 à 100 places, ses 40ha et une approche face à l’Est telle que l’on vire au-dessus des jardins de Buckingham où l’on pourrait voir la Reine promener ses chiens. Il y a d’autres exemples d’aéroports de la taille de Nantes Atlantique, infiniment plus contraints par leur proximité à la ville et dont on tire, intelligemment, quatre à cinq fois le trafic de Nantes. Citons simplement San Diego, Lisbonne ou Genève. Pour ce dernier aéroport on connait ses résultats financiers brillants.

A Londres, toutes les études de nouveaux aéroports, depuis cinquante ans, soulignent le prix de la distance et le fait que ce coût, pour la communauté, serait dix fois plus élevé que celui de l’aéroport proprement dit, dans le cas d’une plate-forme construite dans l’embouchure de la Tamise. NDL est moins éloignée, cependant c’est un aspect dont on ne parle jamais et que l’on semble espérer solder par une simple voie rapide joignant la route de Vannes à celle de Rennes.

Mais je reviens sur le communiqué d’EasyJet qui mérite d’être soigneusement analysé. Il représente la profession de foi du segment du transport aérien qui domine de plus en plus nettement notre industrie.
  1. Capacity should be provided where there is passenger demand for it - aviation works best when consumers determine outcomes.
  2. Airports should only build the infrastructure that provides the level of service that passengers value and are willing to pay to use. There should be no gold plating or expensive infrastructure that passengers don't value.
  3. Passengers should only pay for new infrastructure when they actually use it – like toll roads – and not for years in advance."
Tout est dit. Et surtout qu’un aéroport ne crée pas du trafic. Le drame de NDL est que cet aéroport ne correspond à aucune étude de marché ou prévision sérieuse. On va vers un éléphant blanc.

En Espagne, on a construit Ciudad Real en espérant détourner du trafic de Madrid. L’aéroport a dû fermer en 2012 après trois ans d’existence, faute d’avions et d’entente avec les compagnies low-costs qui demandaient de fortes subventions. Le projet de liaison avec le TGV tout proche a évidemment fait long feu. Plus d’un milliard jeté par la fenêtre.

A Montréal, l’aéroport de Mirabel, contemporain de CDG, a été exploité quelque temps. Mais malgré tous ses efforts, le gouvernement canadien, respectueux du marché, n’a pas convaincu les clients et Dorval est resté en activité et a retenu tout le trafic domestique et celui à destination des Etats-Unis. Seuls les vols internationaux vers l’Europe et les Caraïbes ont été contraints de déménager sur le nouvel aéroport. Résultat, l’ambitieux hub Europe-USA qui avait été imaginé a été tué dans l’œuf. Toronto a su développer un aéroport existant beaucoup plus contraint et a joué ce rôle, au grand dam du Québec, paralysé. Celui-ci a accepté que les compagnies internationales retournent à Dorval au bout de 22 ans, ne laissant, dans les grands espaces de Mirabel, que quelques charters et cargos.  Avec la route et le train, c’est plusieurs milliards qui ont été gâchés.

Doit-on aussi mentionner Vatry, un grand projet politico-administratif du conseil général de la Marne ne correspondant, lui aussi, à aucun besoin commercial ? Il vivote avec un trafic ridicule grâce à Ryanair, numéro 1 du trafic intra-européen qui y opère un vol par jour (pour montrer sa bonne volonté dans un pays qui lui reste administrativement hostile ?) et à quelques charters et vols cargos au chargement confidentiel qui profitent de ses prix et de sa discrétion…

Le projet de NDL ressemble fort à tous ceux-là. Et la présentation de Vinci du 13 mars dernier n’est guère convaincante. Le budget d’abord, quelque 500 millions, semble ridiculement faible. Pour le justifier à tout prix, on a chiffré une phase 1 limitée à une capacité de 4 millions de passagers. C’est la négation même du besoin d’un nouvel aéroport qui n’offrirait que la capacité correspondant au trafic actuel de Nantes alors qu’il n’ouvrirait, au plus tôt, qu’en 2018. On hésite entre une largeur de piste limitée à 45 mètres et une réduction des taxiways ne permettant l’utilisation des pistes que dans un sens ! L’aérogare, de l’avis même de plusieurs experts, est de conception discutable. Il y a deux uniques passerelles télescopiques, là où NTE en offre six aujourd’hui. On a oublié de prendre en compte la gare fret de DHL. Elle reste à NTE ?

Mais surtout, les mystères du sous-sol argileux, gorgé d’eau, dans ce pays de bocage, ont-ils été suffisamment pesés ? Je ne suis pas un expert, mais j’aimerais bien savoir si Vinci a mesuré les risques de l’entreprise et qui paiera les surprises éventuelles ?

La DGAC, interrogée par les opposants au projet, a accepté, du bout des lèvres, de citer une estimation de 800 millions pour NDL, à un horizon incertain. On est encore loin du compte, surtout si l’on veut bien penser au réseau routier qui désengorgera l’accès à l’aéroport et à un moyen de liaison, « tram-train » ou autre, en site propre. Et une fois de plus, quid du coût de l’éloignement pour la métropole nantaise alors que les Britanniques, entre autres, ont bien souligné que ce coût croît exponentiellement avec la distance ? Pour le concessionnaire comme pour les collectivités, on peut craindre objectivement que les aléas soient énormes.
Je ne parle pas du coût de transport pour les passagers de Rennes qui mettront autant de temps pour aller à NDL, par une route encombrée, qu’il en faudra pour gagner Paris par TGV. Il est clair pour tout expert objectif que les passagers de Rennes ou de l’Ouest de la Bretagne seront rares et limités à quelques vacanciers venant prendre des vols charters, comme ils le font déjà. En revanche la métropole nantaise pourrait perdre des vols vraiment significatifs sur le plan économique : les liaisons transversales vers la France et l’Europe qui sont bien mieux servies par un aéroport proche, fonctionnel, accessible et compétitif.

Qui va construire et payer les ponts et autoroutes indispensables dans le cas de NDL ? Quand j’allais à l’aéroport tous les matins et en revenais tous les soirs, j’étais tout content de constater qu’il me fallait quelques minutes pour franchir la Loire et gagner l’aéroport, alors que le trafic était bloqué dans l’autre sens. La situation n’a fait qu’empirer depuis. J’ai eu le malheur de dire cela au débat public, le mois dernier et de parler du merveilleux et dynamique tissu de PME du Sud-Loire et de Vendée qui serait pénalisé par NDL. Des élus un peu excités m’ont aussitôt accusé de connivences avec ces industriels. Je vous rassure, il n’en est rien.

En revanche, la condamnation de Nantes Atlantique me parait dénuée de tout fondement objectif. Les élus, toujours eux, se sont offusqués que l’on mette en doute les études de la DGAC. Il n’en est pas question et j’ai le plus grand respect pour cette institution que j’ai côtoyée pendant 50 ans. Mais, justement, je sais comment on peut jouer avec les faits. J’ai donné un exemple à Radio-France, l’autre jour. Celui des études sur Concorde. Un groupe de travail dont je faisais partie, présidé par le SGAC de l’époque, avait pour mission de faire taire les opposants au projet, ceux-ci disant que l’exploitation de l’avion serait ruineuse. Ce débat faisait écho à celui concernant le projet de SST américain qui allait être abandonné. On a pudiquement conclu que le Concorde serait un peu plus cher au siège-kilomètre que le B707. On a omis de dire qu’il serait deux fois plus cher que le B747, tout juste lancé, mais qui serait son véritable contemporain. Je pourrais citer bien d’autres exemples.

En attendant, on compare les 500 millions d’un projet de NDL correspondant à une capacité de 4 millions de passagers aux 800 millions qui seraient nécessaires pour faire de NTE un aéroport en or massif capable de traiter 9 millions de passagers en….2060. Cela frise le ridicule.

La DGAC a fait une étude fouillée et détaillée, mais sur des hypothèses contestables. Cette étude répond aux recommandations de la Commission du Dialogue qui, en mars dernier, posait de très bonnes questions et suggérait une approche contradictoire. L’étude de la DGAC a pris six mois. Les opposants ont eu quinze jours pour réagir et sont parvenus à mettre au point trois présentations préliminaires pour la réunion qui a eu lieu à la préfecture de Loire Atlantique, le 27 novembre dernier. Monsieur Schwach a eu la courtoisie et l’amabilité de qualifier ces présentations « d’honnêtes et constructives ». En revanche, le débat a été limité. Et le préfet d’indiquer, en fin de réunion, que le temps du dialogue était clos, faisant fi de la lettre du Ministre du 28 juin. Depuis, il semble bien que l’administration, avec la sortie de plusieurs arrêtés, fasse tout pour créer une situation de fait accompli et permettre le démarrage des travaux. Le moins que l’on puisse dire est que cela n’est guère dans l’esprit des recommandations de la Commission du Dialogue et de l’engagement du Ministre des Transports à les respecter.

Comme me le disait un ami hollandais : « Jamais, chez nous, administration ou élus n’oseraient procéder de façon aussi impudente ».

Mais revenons sur les grands thèmes de l’étude de la DGAC.

Il y a d’abord le bruit.

Les nuisances sonores sont incontestables. Mais la méthodologie utilisée par la DGAC aboutit à la conclusion qu’elles ne pourront qu’augmenter. Pour cela, on n’a pas tenu compte de l’apparition d’avions nouveaux et de la disparition d’avions de la génération 1990 ou plus anciens, de manière réaliste. Monsieur Schwach, un peu gêné, a qualifié les hypothèses de la DGAC de « simplificatrices ». En fait :
  • Les avions régionaux constituent 50% du trafic de NTE. On sait que les jets de moins de 80 sièges sont condamnés par leur économie. Ils disparaissent aussi vite que les compagnies comme Régional ou Britair sont capables de s’en débarrasser. Ils sont remplacés par des appareils turbopropulseurs ou des appareils plus gros avec une tendance accélérée à la diminution des mouvements.
  • L’essentiel du trafic résiduel est fait par les compagnies traditionnelles et surtout par les low-costs dont la politique est d’utiliser les avions les plus performants. Les avions équipés de moteurs de technologie GTF ou LEAP sont déjà commandés par milliers, qu’il s’agisse d’Airbus ou de Boeing ou d’avions régionaux de 80 places et plus (Bombardier, Embraer, Mitsubishi). La diminution du bruit sera spectaculaire. Le C-series sera en service en 2016. Les autres suivent de près. L’absence totale de ces appareils dans les simulations DGAC, jusqu’au-delà de 2030, est choquante. Bien plus, les gains en bruit, au décollage comme à l’approche, sont nettement sous-estimés alors que les constructeurs se sont engagés sur des chiffres connus, précis et contractuels.
  • On a forcé sur les long-courriers, même si leur présence à Nantes reste confidentielle. Le trafic de NTE sera, selon toute probabilité, limité à des biréacteurs, les A350 et B787 venant encore diminuer le bruit des A310, A340 et B767 qui auront disparu.
  • On a renforcé le trafic de nuit et accentué le nombre de mouvements en QFU 21 sans tenir compte d’aucune amélioration de procédure au prétexte que les contrôleurs ne sauraient pas faire du fait de l’augmentation du trafic. Comment font ceux de Gatwick, de Lisbonne, de San Diego ou de Genève pour tirer, de leur piste unique, jusqu’à six fois plus de mouvements, avec des contraintes d’environnement beaucoup plus sévères et, pour certains, aucun mouvement de nuit ?
  • On ne tient compte ni des promesses des accords de Grenelle (appliquées à Paris et qui devaient l’être dans les dix premiers aéroports français), ni de la politique de la DGAC explicitée dans le rapport PBN (Performance Based Navigation) et reflétant l’avance des travaux  du ciel unique européen (SESAR).
En conclusion, la DGAC conclut à une augmentation des nuisances là où toutes les mesures faites sur Londres, Paris et bien d’autres aéroports, montrent une diminution constante et accélérée des niveaux de bruit malgré l’augmentation du trafic. Conclusion qui est aussi celle du cabinet international  d’expertise, contracté par les opposants et qui a pu présenter ses travaux à la réunion tenue à la préfecture le 27 novembre. La DGAC a concédé que cette tendance semblait avérée mais a trouvé que le nombre d’habitants concernés par une courbe de bruit donnée devait doubler à Nantes ! En tenant compte de quels projets immobiliers ?

Il est en fait troublant que la perspective de l’ouverture de NDL semble avoir arrêté tout effort pour diminuer le bruit sur Nantes. On a l’impression qu’il y a là une volonté de ne rien faire qui puisse semer le doute s’agissant du bien-fondé du transfert du trafic sur un nouvel aéroport.

L’un des exemples les plus flagrants est la tarification. S’il y a gêne et nuisance, pourquoi ne pas prendre exemple sur Zurich, Londres, Francfort ? Pourquoi ne pas rendre dissuasifs les mouvements de nuit et plus pénalisants les mouvements tard le soir ; pourquoi ne pas charger les avions qui ne respectent pas le « chapter 4 » de l’OACI et ne pas prévoir une incitation pour les avions qui vont bientôt apparaître en nombre, avec leurs moteurs GTF et LEAP, et qui seront quasiment inaudibles sur l’Ile de Nantes, facilitant ces projets d’urbanisation attendus avec tant d’impatience ?

La seule mesure positive notable est l’utilisation la plus fréquente possible du QFU 03. Elle est significative et épargne tout survol de Nantes, 60% des jours de l’année.  Certes on sacrifie St Aignan. Car on oublie toujours de le dire. Si la piste, utilisée dans un sens, représente une pénalité pour Nantes, elle a, dans l’autre sens, un avantage rare, grâce à la présence du lac de Grand Lieu où les oiseaux n’ont jamais été perturbés par le bruit des avions. Survol et absence d’urbanisation sont au contraire une garantie de protection. En revanche, je compatis de tout cœur avec le sympathique maire de St Aignan. C’est vrai que sa petite commune est sacrifiée. Mais elle est constituée en grande partie, comme cela arrive partout autour des aéroports, comme on l’a vu à Roissy-CDG, vaste plaine vide d’habitations à l’ouverture de l’aéroport, de maisons construites alors que l’empreinte bruit de l’aéroport était déjà bien établie. Et là encore, on ne parle pas du trafic de Heathrow ou de CDG, mais du quart de celui de Lisbonne.

Et il y aura toujours un St Aignan. Le prochain pourrait s’appeler le Temple de Bretagne sans doute ? Il n’y a pas de désert en France. En revanche, le bruit des avions est aujourd’hui 75% plus faible qu’il y a trente ans et, à Londres, on estime que la population touchée a été divisée par huit ! Les avions qui arrivent à partir de 2016 vont encore réduire les nuisances de plus de 50%. Alors comment croire à des chiffres qui supposent une densification des habitations autour de NTE, maintenu en activité mais pas un habitant de plus autour de NDL ?

Il y a ensuite les travaux d’extension des installations terminales.

Là, on a tout entendu. Le mépris pour les installations low-costs de Marseille et de Bordeaux. On voudrait pour NTE, du standing ! Pourquoi ? Pour les low-costs qui représentent la quasi-totalité de la croissance du trafic ? Tout expert peut imaginer des solutions du type Marseille ou Bordeaux qui coûteront une bouchée de pain. Les grandes surfaces savent faire des parkings pour un prix modique. Bien plus, le tramway arrive déjà tout près et son prolongement coûterait une bagatelle à côté de ce que représenterait un moyen de transport en site propre desservant NDL. Bref, les investissements, à l’horizon correspondant à celui où NDL serait disponible, devraient être de l’ordre du dixième de ce qui est indiqué dans l’étude de la DGAC. En tout état de cause, ils seraient progressifs et adaptés à l’évolution du trafic.

Ce qui permettrait à l’aéroport et à Vinci de faire de très bonnes affaires et de continuer à satisfaire les compagnies aériennes clientes qui ont sacré l’aéroport de Nantes Atlantique, meilleur aéroport européen 2012.

Enfin, il y a la piste.

Elle présente certes des creux et des bosses et devra être refaite tôt ou tard. Je ne suis, là encore, nullement expert. Je ne peux que constater que les aéroports n’ayant qu’une seule piste sont légion. Et qu’ils trouvent toujours une manière de résoudre les problèmes de rectification et d’entretien. Les ondulations de la piste ne gênent absolument pas le trafic, même pour les plus gros appareils. Il suffit de le demander aux pilotes qui fréquentent NTE, comme je l’ai fait. Certes on ne construirait pas une piste comme celle-là aujourd’hui. Mais les exceptions aux normes idéales OACI se négocient. Et je ne doute pas que Vinci soit à la pointe du progrès et ne puisse trouver des solutions, avec un minimum de bonne foi, pour résoudre ce problème dans des délais convenables, sans tomber dans les extrêmes chiffrés par la DGAC : une fermeture de six mois avec le manque à gagner qui en découle ! Brest l’a fait il y a déjà quelque temps, en quelques semaines. Je n’ai pas la durée précise. C’est devenu, parait-il, un secret-défense…

Quant au besoin de prolongation de la piste qui devrait, on ne sait pourquoi, être plus longue que celles de NDL, il ne semble vraiment être là, lui aussi, que pour alourdir la facture à tout prix. On veut peut-être s’inspirer de Ciudad Real avec sa piste de 4000 mètres ?

Bref, on ne construit pas un aéroport vaste comme Heathrow avec ses 70 millions de passagers, premier d’Europe, pour seulement 7 à 9 millions de passagers quand on a un instrument aussi valable que Nantes Atlantique. C’est une aventure politico-administrative sans aucun fondement économique ou commercial.

Je ne m’attends pas à ce que vous vous déclariez d’accord avec tout cela. Je pense malgré tout que les grands professionnels que vous êtes, s’honoreraient d’expliquer au monde politique que la poursuite du projet de Notre Dame des Landes n’est pas forcément une solution souhaitable et surtout pas par les temps qui courent.

Et j’estime que, dans l’esprit de la Commission du Dialogue, il serait judicieux qu’on laisse le temps aux opposants au projet de désigner un expert et d’aller au fond des choses, en reprenant les hypothèses que la DGAC a développées pendant six mois. Oserais-je suggérer que cette contre-expertise se fasse dans le cadre d’une coopération et d’un dialogue ouvert entre experts nommés par les opposants et vos services ? Cela satisferait tout le monde. Cela peut être décidé aujourd’hui. Je me tiens à votre disposition pour aider à mettre cela en place.

Je vous prie d’agréer, Messieurs, l’expression de toute ma considération.

Jacques Bankir


Jacques Bankir a été président et vice-président dans de nombreuses compagnies aériennes au cours de sa carrière, dont Régional Airlines. Il a pris publiquement position contre le projet de Notre Dame des Landes.
Lire aussi http://www.entreprises.ouest-france.fr/node/117726
ou encore 
http://communiques-acipa.blogspot.fr/2013/11/intervention-de-jacques-bankir-lors-de_14.html
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