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mercredi 12 février 2014

Notre-Dame-des-Landes : À la justice de trancher


Les associations de protection de la nature et de l’environnement contestent devant la justice les autorisations que le préfet de Loire-Atlantique a accordé le 20 décembre 2013 aux porteurs de projet d’aéroport. Ces autorisations rendues nécessaires au titre de la « loi sur l’eau » et des règles de protection des espèces sont illégales : pour faire passer ce projet particulier, l’Etat s’autorise à violer ses propres règles générales de protection de l’environnement !

Des lacunes inacceptables et des avis scientifiques méprisés
En délivrant les autorisations nécessaires à la destruction du bocage humide de Notre-Dame-des-Landes et de la biodiversité qu’il comporte, l’État a refusé d’entendre les avis défavorables des instances scientifiques chargées d’examiner ces dossiers (collège des experts scientifiques, Conseil national de protection de la nature). Il n’a pas non plus pris en considération le travail d’inventaire réalisé par le collectif des Naturalistes en lutte, montrant que l’étude de l’état initial du site était lourdement insuffisante. Pour Guy Bourlès, vice-président de la LPO 44 et de la coordination régionale LPO Pays de la Loire, « plusieurs espèces protégées vont être détruites sans même avoir été identifiées par les maîtres d’ouvrage. Les inacceptables lacunes des inventaires constituent une violation claire de la loi ».

Des autorisations délivrées ... au tour de la justice de se prononcer
La destruction des zones humides du secteur ne fait l’objet d’aucune justification sérieuse de l’absence d’alternative. En outre, la méthode de compensation validée par les arrêtés ne permet pas de garantir que le fonctionnement écologique des zones humides détruites soit remplacé, encore moins sur la durée de la concession (55 ans).
Les associations de protection de l'environnement viennent de déposer, ce jour, des demandes d'annulation qui visent les quatre arrêtés pris le 20 décembre 2013 par le préfet de Loire-Atlantique.
Pour Michel Dubromel, responsable Transports de FNE, « l’État a franchi la ligne rouge en délivrant ces autorisations alors même qu’il sait que la méthode de compensation ne répond pas aux exigences légales. Il appartient maintenant à la justice indépendante de se prononcer sur le dossier ».


samedi 28 décembre 2013

Il n'y a pas qu'en Amazonie où des espèces sont massacrées, à Notre-Dame-des-Landes aussi grâce à l’aval de l’État français !


DOSSIER DE PRESSE



Le collectif des Naturalistes en lutte (http://naturalistesenlutte.overblog.com/) s’est créé il y a un an pour effectuer une contre-expertise dans le cadre du projet de Notre-Dame-des-Landes. Regroupant de nombreux experts dans leurs disciplines respectives, il a mené ses propres inventaires.

Le résultat est accablant pour les études qui fondent les arrêtés préfectoraux du 20 décembre autorisant la destruction d'espèces protégées. Pour minimiser l'impact environnemental, les porteurs du projet se sont contentés de rechercher les espèces protégées les plus probables, dont la présence est difficile à cacher ! Les multiples oublis et les biais de calculs relevés par les naturalistes en lutte sont mis à disposition des associations qui déposeront des recours auprès du tribunal administratif ainsi que de la presse. À ce propos, il faut noter que les travaux ne pourront pas commencer avant la parution de l’arrêté autorisant aussi la destruction des populations de campagnol aquatique, espèce protégée présente sur toute la zone (sachant que l’avis obligatoire du CNPN ne sera pas rendu avant le 16 janvier).
Voici quelques exemples d'observations introuvables dans les dossiers officiels et réalisées par les naturalistes : plus de 550 espèces d'invertébrés dont 10 encore non répertoriées en Loire-Atlantique ; 3 plantes protégées, 40 mares supplémentaires, 3 espèces d'oiseaux d’intérêt patrimonial, etc.
Mais la Préfecture fait obstacle au constat officiel de leur présence...
Il n'y a pas qu'en Amazonie où on détruit la biodiversité, on le fait aussi en France, avec la protection de l’État.


SIGNATURE DES ARRETES PREFECTORAUX DU 20 DECEMBRE 2013

Ce vendredi 20 décembre, le préfet de la Loire-Atlantique et de la région Pays de la Loire a signé quatre arrêtés autorisant la destruction des espèces protégées dans le cadre du projet d’Aéroport du Grand Ouest, à Notre-Dame-des-Landes.
En France, la destruction des espèces protégées et de leurs habitats est possible mais elle est encadrée par la Loi. Des arrêtés préfectoraux autorisant ces destructions sont pris par les préfets, mais pour cela plusieurs conditions doivent être respectées.
Parmi ces conditions, il est nécessaire entre autres que le projet :
  • soit d’intérêt public majeur. Or des études menées par les opposants au projet (http://acipa.free.fr/) ont montré que l’intérêt public majeur n’est pas justifié ;
  • n’ait pas d’alternative possible. Or ces mêmes études montrent qu’il existe des alternatives au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes dont notamment Nantes-Atlantique ;
  • ne nuise pas au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition. Pourtant le projet prend place selon les études des maitres d’ouvrage sur des zones majeures pour plusieurs espèces (Triton marbré, Campagnol amphibie, etc.). De plus, ces espèces sont liées aux zones humides et ont donc un peu de mal à vivre dans le béton !

Le Ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables avait pourtant précisé aux préfets par une circulaire en 2008 les modalités de l’application du code de l’Environnement concernant les arrêtés préfectoraux portant dérogation, entre autres, aux interdictions de destruction de spécimens d’espèces protégées. Il était notamment demandé des études sur l’impact écologique des projets complètes et sérieuses.
Dans le cas de Notre-Dame-des-Landes, les études, commanditées par AGO et la DREAL, se caractérisent par un temps consacré aux inventaires naturalistes insuffisant et des périodes d’inventaires souvent inadaptées (campagnol amphibie, poissons, oiseaux migrateurs…). Il en est de même pour la géologie, support des écosystèmes, bien que l’étude à large échelle ait été jugée comme suffisante par les maitres d’ouvrages. Elles se traduisent par un inventaire incomplet de la faune, de la flore et des habitats naturels.

Les compensations écologiques sont obscures et inapplicables, et, quand bien même elles seraient appliquées, elles seraient inefficaces.
Le préfet de la Loire-Atlantique a passé toutes ces dernières semaines à dire dans les médias que les espèces protégées allaient être transférées.
D’une part, le transfert des espèces ne concerne que quatre espèces, dont trois à titre de mesure expérimentale, et une seulement à visée compensatoire.
D’autre part, elle est limitée à seulement quelques individus des populations de ces espèces.
Fioriture quand on sait que le site accueille plus d’une centaine d’espèces protégées dont des milliers d’individus pour le seul Triton marbré !

Les avis émis les 9 et 10 avril 2013 par le Collège des experts scientifiques (créé à la demande du Premier ministre) et le comité permanent du Conseil national de la protection de la nature (instance du Ministère de l’environnement) ont confirmé toutes ces insuffisances et ces aberrations !
Les Naturalistes en lutte et des associations ont répondu aux consultations publiques et ont communiqué à la préfecture les évidentes faiblesses du dossier.
Ces arrêtés s’appuient sur des études incomplètes et lacunaires. Ils font fi des instances de consultation. Ils s’exposent donc fortement à des contentieux juridiques. Nous assistons à un véritable déni de la démocratie, que se traduit par un passage en force et des manœuvres politiques.

DETAILS SUR L’INCOMPLETUDE DES ETUDES : UN CONSTAT SANS APPEL !

Les services de l’État, juge et partie dans le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ont qualifié d’exemplaire l‘étude menée par le cabinet Biotope et ses sous-traitants et souhaiteraient en faire un modèle pour les futures études d’impact. C’était sans compter sur le travail des Naturalistes en lutte.

En effet habituellement, quasiment personne ne retourne sur le terrain vérifier la véracité des études d’impact, au mieux la contestation porte sur des données déjà connues. Mais cette fois devant l’ampleur de l’impact et la méthode de compensation mise en œuvre, des naturalistes se sont mobilisés et ont pendant une année réalisé une véritable contre-expertise afin de vérifier le travail réalisé par les bureaux d’études.


Et le bilan est accablant !

L’état initial est lacunaire, de nombreuses espèces protégées, observées par les Naturalistes en lutte n’ont pas été identifiées et pire encore, pas même recherchées ! Il en va de même pour les habitats de zones humides dont les surfaces au regard de l’étude de la végétation ont été fortement sous-estimées.


Voilà dans les grandes lignes quelques éléments de la contre-expertise :

  • Hydrogéomorphologie : la ZAD est sur une unité hydro-géo-morphologique remarquable où le facteur eau est omniprésent : 9 têtes de bassins versants, 7 sur le bassin versant de la Vilaine via l’Isac, 2 sur le bassin versant de la Loire, via la Gesvres et le Hocmard. Or, la ZAD est juste située sur la zone d’échange entre ces bassins. Une situation rare et d’importance puisque de la qualité en eau des têtes de bassin dépend le fonctionnement des parties avales.
  • Habitats naturels : les Naturalistes en lutte ont réalisé 103 relevés phytosociologiques[1]  sur l’ensemble de la ZAD alors que le cabinet Biotope s’était contenté de 37 relevés comprenant de nombreuses erreurs de rattachement soulevées par le comité d’expertise scientifique[2] . Cela a permis d’identifier 34 habitats dont 11 habitats d’intérêt communautaire (protégés par une directive européenne) alors que le dossier initial n’en référence que 6. Parmi ces habitats on peut noter un ensemble  remarquable de végétations aquatiques et amphibies d’une grande rareté et qui trouvent ici une zone refuge alors que ces habitats sont aujourd’hui dégradés dans quasiment toutes les autres grandes zones humides de Loire-Atlantique (notamment du fait de l'écrevisse de Louisiane et des jussies, espèces absentes de la ZAD). Que dire des prairies oligotrophes, milieux en raréfaction généralisée du fait de l'agriculture intensive, dont la superficie a été complètement sous estimée et dont une grande partie a été identifiée par le cabinet Biotope en tant que simple prairie mésohygrophile[3]  ! Les relevés phytosociologiques réalisés par les Naturalistes en lutte révèlent que ces parcelles classées dans une catégorie assez banale s’avèrent être des prairies oligotrophes et des bas marais d’intérêt européen ! La surface estimée pour ces prairies est bien supérieure aux 8 hectares cartographiés par le cabinet Biotope !
  • Bocage : 169 km de haies répertoriées ; plus de 120 mètres de haie par hectare recensés dont 66 % de haies sur talus alors que le dossier initial évalue un linéaire de haie de 90 à 100 mètres par hectare. Un bocage remarquable mixte à chêne pédonculé et chêne tauzin présentant une végétation oligotrophile[4] d’intérêt patrimonial fort. En effet ces talus ont été réalisés lors du défrichement de la lande au milieu du 19ème siècle, avec une terre non amendée ayant permis à une végétation spécifique de s’y implanter. Alors, que dire des mesures compensatoires prévoyant des plantations de haies sur talus à partir de terre enrichie depuis des années par des apports d’intrants ?
  • Végétaux : plus de 335 plantes vasculaires identifiées par les Naturalistes en lutte dont 12 plantes considérées comme rares et menacées pour les Pays de la Loire. Trois nouvelles espèces protégées identifiées. Ces espèces n’ont même pas été recherchées lors de l’état initial, les dates de prospection du cabinet Biotope ne permettant pas de les observer. Les mousses ne sont pas en reste puisqu'un inventaire partiel a déjà permis de recenser 82 espèces dont deux sont nouvelles pour la Loire-Atlantique et deux autres très rares en Pays de la Loire, caractérisant des milieux tourbeux. Six espèces de sphaignes ont également été inventoriées.
    D’autres groupes sont en cours d’étude, comme les lichens, avec 87 espèces inventoriées dont deux sont nouveaux pour la Loire-Atlantique, ou encore les myxomycètes …
  • Invertébrés : l’identification des invertébrés fait appel à de nombreux spécialistes reconnus au niveau régional ou national et demande beaucoup de temps. Les résultats à ce jour restent encore très partiels, mais ce sont déjà 550 espèces d’invertébrés qui ont été identifiées (le résultat final est estimé à plus de 1000 espèces) montrant une très grande diversité. On peut noter la présence de nombreuses espèces rares et menacées dont déjà 9 espèces nouvelles pour la Loire-Atlantique, par exemple la découverte de deux nouveaux hyménoptères : Dolerus pratensis et Priocnemis exaltata.
  • Oiseaux : 2715 données enregistrées sur 8 mois, 111 espèces observées, 76 espèces nicheuses, 88 espèces protégées dont certaines classées en priorité régionale élevée.
  • Reptiles : plus de 686 contacts avec l’observation de 136 individus de lézard vivipare contre quelques dizaines d’individus observés sur trois années de prospection par le cabinet Biotope. L’atlas des reptiles de Loire-Atlantique de 2011[5] indique seulement 19 stations en Loire Atlantique et seulement 26 témoignages. La population de lézard vivipare sur la ZAD est exceptionnelle, sans doute d’importance départementale voire régionale et à fort enjeu du fait de sa situation à la jonction des bassins versants de la Loire et de la Vilaine.
  • Amphibiens : confirmation d’une population de tritons marbrés d’importance départementale avec encore 15 nouvelles stations découvertes par rapport aux données des maîtres d’ouvrage notamment dans les secteurs prévus pour la compensation, bizarrement vides de grands tritons au regard des inventaires initiaux. Mise en évidence d’une sous-estimation de la population de triton crêté dû à sa faible détectabilité avec 5 nouvelles stations par rapport aux données initiales. Confirmation de la présence du triton de Blasius sur la ZAD, il est protégé et n’a pas été observé par le cabinet Biotope. Il est pourtant bien présent dans au moins 7 mares, ce qui soulève de graves interrogations quant à la connaissance de l’espèce !
     
  • Mammifères : présence d’une population de campagnol amphibie d’importance départementale avec des densités très importantes indiquant le rôle de zone « source » pour la dissémination de l’espèce sur les bassins versant de la Loire et de la Vilaine. L’inventaire réalisé pour le compte des porteurs de projet a été effectué à la pire période pour l’espèce, en septembre, et en seulement 5 jours pour plus de 1400 ha !
    Une sous-estimation massive des gîtes à chauves-souris : en effet, plus d'arbres que ceux mentionnés par l'expertise des bureaux d'études peuvent accueillir ces animaux. De plus, plusieurs habitations ont déjà été détruites sans qu'aucune expertise n'ait été réalisée au préalable.
  • Poissons : absence de prospection pertinente, les prospections ont été réalisées en période d’assec. Les naturalistes en lutte dénombrent déjà 5 espèces. Cet élément est pourtant à prendre en compte sur les secteurs en tête de bassin versant.

Pour la première année de prospection des Naturalistes en Lutte, ce sont donc :
- 13 espèces nouvelles pour la Loire-Atlantique, c’est-à-dire connues à ce jour en Loire-Atlantique uniquement dans la ZAD ;
- 6 espèces supplémentaires, rares et protégées par la Loi, non observées par les porteurs de projet.


En conclusion

Au regard de ces résultats, le travail d’état initial ne devra plus jamais être regardé de la même façon. Il est clair que les maîtres d’ouvrage n’ont pas tout mis en œuvre pour permettre aux bureaux d’études de réaliser un état initial pertinent et que le jeu des marchés allant vers le mieux disant entraîne en fait un choix vers le moins prospectant et donc le moins handicapant pour le projet. Ce constat devrait servir à la refonte des cahiers des charges servant de base aux études d’impact.

L’ensemble du dossier est à revoir : comment en effet pourrait-on se satisfaire de cet inventaire incomplet, partiellement faux et réalisé à des périodes non favorables pour certains groupes d’espèces ?

Alors que le CNPN et la commission scientifique avaient déjà demandé des compléments d’études d’au moins deux années, le travail des Naturalistes en lutte montre aujourd’hui l’écart immense entre l’état initial ayant servi de base à l’évaluation des impacts et à l’élaboration des mesures compensatoires, et les premiers résultats d’une année d’inventaire.

Le travail des Naturalistes en lutte n’est encore que partiel, car malgré une pression d’observation importante, les conditions météorologiques du printemps 2013 n’ont pas permis de réaliser des inventaires satisfaisants. On peut considérer que tous les groupes étudiés sont sous-évalués et nécessitent au minimum une année de prospection complémentaire. Il reste encore énormément à découvrir sur cette zone, vestige d’une diversité biologique inestimable et irremplaçable.

Aucune étude de cette ampleur n’avait encore été réalisée sur un secteur de bocage humide, elle permet aujourd’hui de mieux appréhender la richesse biologique de cet écosystème et demain, espérons le, pourra servir de base à une gestion partagée de la zone, entre une agriculture raisonnable et une biodiversité remarquable.
__________________________

  1. Discipline qui étudie les communautés végétales, en se basant sur des listes floristiques
  2. Rapport collège des experts – annexe 5 pages 70-71
  3. Moyennement humide
  4. Végétation affectionnant les milieux particulièrement pauvres en éléments nutritifs. Ces types de milieu sont devenus très rares (du fait notamment de la généralisation des engrais) et abritent donc des espèces particulièrement rares.
  5. Grosselet,O., Gouret, L. & Dusoulier, F. (coor.) (2011) – Les Amphibiens et les Reptiles de la Loire Atlantique à l’aube du XXIe siècle : identification, distribution, conservation. Éditions De mare en mare, Saint-Sébastien-sur-Loire. 207p.



PLUS QU’UNE OPPOSITION A UN PROJET, C’EST UN CHOIX DE SOCIETE QUI EST EN JEU


Les Naturalistes en lutte se sont constitués dans le projet d’établir un constat circonstancié de l’existant sur le site de Notre-Dame-des-Landes, afin de confronter ces résultats à ceux dressés par le maitre d’ouvrage. Contrairement à ce que nous pouvons lire dans la presse, nous ne nous sommes pas créés autour d’une opposition anti-capitaliste mais dans un élan constructif d’inventorier le vivant et de le porter à connaissance. Notre démarche s’inscrit dans un choix de société, celle qui favorise une agriculture respectueuse de l’environnement, une production associée à la biodiversité. Nous sommes aussi sensibles au respect des lois, notamment du code de l’environnement. Ainsi, au regard de ce qui se passe autour de ce projet d’aéroport, nous nous inscrivons dans un processus diamétralement opposé à ce qu’affiche aujourd’hui les services de l’État.

Plus encore, se pose la question de la cohérence de l’État entre ses différentes politiques !

Face aux déclins de nombreuses espèces, l’État et les différentes collectivités ont mis en place des plans d’actions pour permettre la restauration de ces espèces. Le projet d’aéroport se situe sur une zone majeure pour certaines d’entre elles, de l’aveu même des études des maîtres d’œuvre. Pourquoi détruire alors ces noyaux de population pour ensuite financer ailleurs des actions de conservation ?

Le Ministre de l’Agriculture a présenté lors d’une conférence nationale son projet agro-écologique. Les inventaires des Naturalistes en Lutte ont montré toute la biodiversité que ce bocage comportait. L’agriculture de Notre-Dame-des-Landes a permis de maintenir une grande biodiversité, pourquoi alors la détruire pour ensuite la remplacer par du béton ? Et surtout, pourquoi dépenser de l’argent public pour reconstituer la biodiversité à grand renfort dans des zones sinistrées alors que là où elle existe, spontanément, avec des écosystèmes anciens et complexes, le même État la détruit ?

L’État développe des politiques, en continu depuis ces dernières décennies pour préserver les zones humides car elles rendent des services écologiques à l’Homme. Le projet d’aéroport se situe sur une zone qui est un château d’eau, chapeautant neuf têtes de bassins versants.
Qui paiera les services écologiques des zones humides une fois bétonnées ? VEOLIA ? Et donc nous !

Pour toutes ses incohérences, c’est la double peine pour le contribuable français !

Sur le plan de la justice et du droit, nous avons aussi une dualité, ressemblant fort à une double entorse. Comme le rappelle Christian Godin :
- est légal ce qui est conforme à la loi positive, ou la loi telle qu’elle existe.
- est légitime ce qui est conforme à la loi idéale, celle qui va dans le sens de justice.
Dans ce dossier, il n’y a ni légalité, ni légitimité. Pour cette raison, ce projet ne peut et ne doit être engagé sous la bannière de la République, sans apporter un discrédit conséquent et durablement néfaste au devenir de la société française.

Les photos ci-dessous sont libres de droit pour les journalistes et pourront être transmises sur simple demande aux naturalistes en luttes.



samedi 9 novembre 2013

Contribution de l'ACIPA à la consultation dérogation espèces protégées

Consultation publique – Octobre Novembre 2013

Par la présente, l’ACIPA (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport) souhaite formuler des observations dans le cadre de la participation du public sur la dérogation au titre des espèces protégées – Aéroport du Grand Ouest et sa desserte routière.
Tout d’abord, l’ACIPA déplore et dénonce les conditions de forme dans lesquelles se déroule la présente consultation sous le régime de l’ordonnance du 5 juillet 2013 :
- la durée de la consultation, tout d’abord : le dossier entier soumis à la consultation totalise plus de 4.000 pages, alors que la consultation était initialement ouverte du 7 octobre au 28 octobre 2013 ! Malheureusement, la prorogation de la consultation jusqu’au 7 novembre n’y change rien : il est quasiment impossible de prendre, dans un laps de temps aussi court, connaissance en profondeur de tous les  documents présentés et de porter dessus un jugement éclairé en connaissance de cause ;

- le régime de participation du public choisi, ensuite : il s’agit ici d’une simple consultation, sans commissaires-enquêteurs, donc sans aucun rapport de commission d’enquête… or une enquête publique présente des garanties de partialité, d’indépendance qui ne sont pas du tout les mêmes que pour une simple consultation !
Rien n’interdisait à la Préfecture de Loire-Atlantique d’organiser en lieu et place de la présente consultation une véritable enquête publique avec la possibilité pour le public d’y contribuer de manière électronique, à distance.
De plus, l’ACIPA tient à souligner l’incohérence de la démarche engagée par les porteurs du projet concernant la présente consultation au titre des espèces protégées.

En effet, lors de l’été 2012, a eu lieu une enquête publique au titre de la loi sur l’eau. Suite à cette enquête publique, le rapport de la commission d’enquête a mis en avant deux réserves, dont la première et la plus importante était l’appréciation de la validité des mesures compensatoires par un collège d’experts scientifiques indépendants.

Ce dernier collège d’experts scientifiques a rendu son rapport en avril 2013 et a totalement invalidé en l’état la méthode de compensation proposée, en émettant 4 réserves sur les principes de la méthode, ainsi que 6 réserves sur son application à Notre-Dame-des-Landes.
Par conséquent, il est évident que la première et plus importante réserve de la commission d’enquête n’a toujours pas été levée. L’ACIPA dénonce le fait qu’une nouvelle enquête publique au titre de la loi sur l’eau n’a pas été engagée, alors que le bon sens aurait commandé de soumettre le nouveau dossier amendé au public. L’ACIPA exige donc qu’une nouvelle enquête publique au titre de la loi sur l’eau soit organisée.

De la même façon, il est tout aussi incohérent que le présent dossier concernant les espèces protégées ne prenne pas du tout en compte les mesures compensatoires au titre de la loi sur l’eau, alors que celles-ci sont interdépendantes, comme l’a très bien souligné le rapport des experts scientifiques d’avril 2013. Dès lors, quelle cohérence peut-il y avoir à présenter au public un dossier concernant les espèces protégées quand bien même les mesures compensatoires au titre de la loi sur l’eau ne sont pas encore connues ?

C’est ainsi qu’il ne nous semblerait absolument pas raisonnable qu’un éventuel arrêté préfectoral concernant les espèces protégées soit signé préalablement à un arrêté préfectoral au titre de la loi sur l’eau.

Il n’aura pas échappé aux observateurs attentifs que l’emprise aéroportuaire ainsi que l’emprise routière sont situées en quasi-totalité sur des zones humides, elles-mêmes situées en têtes de deux bassins versants. La faune et la flore exceptionnelles qui composent le site de la région de Notre-Dame-des-Landes ne peuvent pas être, de la sorte, déconnectées de leur milieu : de nombreuses espèces protégées ne vivent sur le site qu’en raison de la présence d’eau et de telles zones humides.

Ainsi, comment juger un dossier concernant des demandes de dérogations d’espèces protégées alors que, d’une part, les mesures compensatoires proposées par les porteurs du projet (AGO et la DREAL) au titre de la loi sur l’eau ne sont ni légales ni réglementaires en l’état ; et que, d’autre part, le public ne connaît ni, a fortiori, n’a pu s’exprimer sur ces mêmes mesures ?

Telles étaient les quelques remarques que l’ACIPA, en tant qu’association citoyenne, souhaitait faire part à la Préfecture de la Loire-Atlantique dans le cadre de la présente consultation.

Remarques du CéDpa sur le dossier de déplacement des espèces dans le cadre du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes.

Monsieur le préfet,
 
Le CéDpa regrette tout d’abord la forme de la consultation. Certes dans le cas de déplacement d’espèces protégées, la réglementation ne prévoit pas d’enquête publique, ce qui nous semble dommageable. La décision de mettre à disposition du public le dossier est donc un point positif mais cela n’empêche qu’il reste une grosse différence entre une véritable enquête publique avec commissaires enquêteurs qui sont aussi là pour assurer la médiation pour les citoyens et une simple consultation.
La période initialement prévue de trois semaines était manifestement insuffisante compte tenu de l’ampleur du dossier ; les nombreuses remarques faites immédiatement sur ce point ont amené vos services à prolonger le délai.
Cependant, il reste difficile voire impossible de prendre connaissance par internet et/ou physiquement d’un dossier aussi lourd et technique, de le comprendre et de pouvoir y apporter des critiques pertinentes. Il nous semble qu’il y a là une première faille.
 
Par ailleurs, dans un premier temps le dossier ne comportait pas l’avis officiel du CNPN, ce qui a été rectifié.
Cependant nous sommes surpris que vous n’ayez pas cru bon de porter aussi à la connaissance du public l’avis émis par le même CNPN au printemps 2013 à la suite du rapport du collège scientifique mis en place pour répondre à la demande de la commission d’enquête au titre de la loi sur l’eau. Cette nouvelle prise de position est en effet fort importante puisque les membres du bureau du CNPN reconnaissent la pertinence de l’analyse des experts et souscrivent à toutes leurs conclusions dont nous vous rappelons qu’elles invalident la méthode de compensation fonctionnelle prévue, sur le fond et sur l’application à Notre Dame des Landes. Il semble évident que le déplacement des espèces ne puisse s’envisager en dehors des mesures prises au titre de la loi sur l’eau. C’est pourquoi la seconde faille de ce dossier porte sur la présentation du dossier de déplacement d’espèces dont nous avons bien compris que vous vouliez la démarrer cet hiver
alors même que le dossier « loi sur l’eau » nécessite une refonte complète et de notre point de vue une nouvelle enquête publique compte tenu des conclusions du collège scientifique qui ne sont pas de simples réserves faciles à lever.
Le CNPN à qui nous avions écrit pour mieux comprendre son avis nous avait répondu par un courrier qui montre bien la valeur très particulière du site et l’impossibilité de compenser sa destruction. Nous joignons à notre avis copie de ce courrier. (cf pièce jointe).

Sur le fond du dossier, le CéDpa n’est pas particulièrement compétent en matière d’espèces protégées ; cependant nous avons un certain nombre de remarques à formuler :
Il semble qu’il y ait dans le dossier plusieurs additifs, notamment un dossier complémentaire concernant une nouvelle espèce identifiée sur site, le campagnol amphibie et un dossier sur la capture des amphibiens. Le CNPN a-t-il été informé de la découverte de cette nouvelle espèce et où est son avis motivé ? Je vous rappelle la demande formulée par le dit CNPN dans son avis :
7 – Il est noté la nécessité de conduire en 2012 des inventaires complémentaires floristiques et faunistiques ; leurs résultats conduiront à émettre en tant que de besoin des prescriptions complémentaires, pour lesquelles le CP demande à être informé.
Quelles sont les suites données à cette demande ?

La lecture rapide de cet additif interpelle même quand on n’est pas spécialiste de la faune. En effet, au début du dossier le campagnol amphibie est présenté comme « quasi menacé » en France, et le site très favorable à cette espèce. L’impossibilité d’évitement de la destruction de son milieu est ensuite acté (46ha détruits) ; puis au fil du dossier, qui utilise bien sûr les fameuse unités de compensation dont le principe même pose question selon les scientifiques, l’impact devient « faible », puis « négligeable pour cette espèce » et enfin : « le projet n’est pas de nature à impacter de façon significative l’état de conservation de l’espèce ». Comprenne qui pourra !

Dans le rapport de présentation générale, il est dit p10 que « la conception du futur aéroport a été optimisée afin d’impacter le moins de surface de bocage possible ». On cite alors la conception des bâtiments et des pistes (sans parler curieusement des parkings…). Or là aussi il y a problème puisque la commission du dialogue et la commission agricoles mises en place par le Premier Ministre ont toutes deux bien montré le gaspillage d’espace et préconisé des modifications.
Comment résolvez-vous cette contradiction ?

Dans le même rapport de présentation générale on lit p 4 : « la demande de dérogation ne porte que sur les aménagements nécessaires à la mise en service de l’aéroport et non pas sur les potentielles phases d’extensions futures qui feront l’objet de demande ultérieure. » Nous sommes de nouveau devant la technique de « saucissonnage » propres
aux méthodes françaises et en infraction à la réglementation européenne. Nous vous rappelons d’ailleurs que le Directeur de l’environnement de la commission européenne a rappelé en septembre dernier la nécessité d’évaluer les impacts cumulés de la totalité des investissements prévus.

En conclusion, nous vous demandons expressément de ne pas prendre les arrêtés « déplacement des espèces » et « loi sur l’eau » mais bien de reprendre l’état des lieux initial comme demandé par le collège des experts appuyé par le CNPN et de proposer ultérieurement une enquête publique globale (dans l’hypothèse bien sûr où le projet de NDL ne serait pas encore abandonné …).

Le CéDpa.
Le 7 novembre 2013

mercredi 9 octobre 2013

URGENT : Demande de dérogation « Espèces protégées »

Mise à jour du 23 octobre 2013

Le dossier de demande de dérogation "espèces protégées" pour la création d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes a été mis en ligne lundi 7 octobre sur le site internet de la préfecture.

Cette mise en ligne consiste à laisser pendant trois semaines, soit jusqu'au 28 octobre 7 novembre inclus, les dossiers de dérogation, et laisser une petite case pour déposer un avis.



Lien pour lire les dossiers




Lien pour déposer votre avis




Vous pouvez vous inspirer de ce texte pour une déposition à minima :

« Les dossiers que vous mettez à l’enquête comportent plus de 2000 pages, de nombreuses cartes, des tableaux et des annexes. Il est tout à fait anormal que le public ne dispose que de 3 semaines pour en faire l’analyse et vous la communiquer. Je vous demande donc une prolongation de la durée de cette consultation. Par ailleurs vous voudrez bien mettre en ligne l’avis rendu par le CNPN qui peut utilement éclairer le public. »



Il est aussi important de dénoncer cette transparence de façade (consultation non obligatoire !) et le peu de cas qui est fait des recommandations de la commission d’expertise car sur le fond rien n’a changé.

Il faut aussi profiter de cette consultation pour :

1 – constater l’incohérence de la procédure espèces protégées car nous ne connaissons pas les mesures compensatoires eau

2 – indiquer qu’il fallait joindre la « consultation espèces protégées » avec l’enquête publique eau sur les mesures compensatoires,

3 – regretter qu’il s’agisse d’une simple « consultation » entreprise sous le régime de l’ordonnance du 5 juillet 2013.

Deux raisons :

a) une consultation ne présente pas les mêmes garanties qu’une enquête publique (pas de commissaire enquêteur, pas de rapport réalisé et questions posées au pétitionnaire),

b) si le préfet a choisi la procédure de consultation, rien ne lui interdisait d’engager une enquête publique

4 – demander à ce que l’arrêté de dérogation ne sorte pas avant l’arrêté eau.


Vous pouvez aussi citer les conclusions du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) visibles sur le blog des Naturalistes en lutte :


Nous comptons sur vous pour déposer votre avis sur cette consultation au plus vite !

Voir les liens sur ce sujet :
http://www.reporterre.net/spip.php?article4816
http://www.reporterre.net/spip.php?article4815

Voir aussi la cyber action : http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/nddl-exprimez-demande-derogation-quot-especes-protegees-quot-684.html

Notre-Dame-des-Landes : participation du public sur la demande de dérogation au titre des espèces protégées
http://www.actu-environnement.com/ae/news/notre-dame-landes-consultation-public-derogation-especes-protegees-19654.php4

Des contributions commencent à nous parvenir :
http://arnauddc.blog.lemonde.fr/2013/10/12/pas-de-derogation-au-code-de-lenvironnement-pour-nddl/
http://naturalistesenlutte.overblog.com/2013/11/notre-dame-des-landes-la-biodiversit%C3%A9-bient%C3%B4t-massacr%C3%A9e.html



Un arrêt de la Cour Administrative d'Appel de Marseille qui vient compléter l'article d'Arnaud du Crest (merci à Audrey pour l'info) :
http://www.juricaf.org/arret/FRANCE-COURADMINISTRATIVEDAPPELDEMARSEILLE-20130625-10MA04568

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