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dimanche 9 juin 2013

Discours de Dominique Méda à l'occasion de la remise de Légion d'Honneur à Marie-Monique Robin



                                               Chère Marie–Monique, chers tous,


Nous sommes aujourd’hui rassemblés, famille, amis, admirateurs de Marie-Monique Robin, pour fêter tous ensemble la reconnaissance officielle qui est conférée à son œuvre et à sa personne par l’octroi de la légion d’honneur. Et je dois dire que je suis extrêmement fière que ce soit à moi qu’échoit la responsabilité d’expliquer pourquoi elle en est particulièrement digne.

C’est par là que je voudrais commencer, avant de revenir sur les raisons pour lesquelles, lorsque Marie-Monique m’a proposé, un soir de décembre, de lui remettre cette décoration ici, à Notre-Dame des Landes, j’ai tout de suite accepté.

Tu m’as raconté Marie Monique, combien les lieux et les proches qui ont abrité ton enfance avaient été déterminants pour ton œuvre : tu as grandi dans la ferme de tes parents, agriculteurs engagés et descendants d’une lignée d’amoureux de la terre depuis le 17ème siècle où tu as vu s’opérer la rationalisation de l’agriculture traditionnelle au cours de la Révolution verte. Ils t’ont transmis non seulement la passion de la terre mais aussi celle de l’engagement. Ils étaient membres de la Jeunesse Agricole Catholique ; tu mettras à ton tour ton désir de justice au service de plusieurs causes que tu défendras farouchement.

En 1985, à la fin de tes études de journaliste, tu pars au Nicaragua pour soutenir la révolution et tu produis, quelques années plus tard, un documentaire consacré à Cuba et plus particulièrement à la prévention du Sida, Sida et Révolution. Tu ne cesseras ensuite, dans les films et livres que tu as réalisés, en étroite association avec ton mari, de promouvoir les droits humains fondamentaux et – c’est là que ta personnalité se précise – de dénoncer tous ceux qui font obstacle à leur promotion et leur épanouissement.

En 1995, tu présentes Voleurs d’yeux, la version courte de Voleurs d’organes, qui dénonce le vol d’organes sur des enfants en Colombie au profit d’hôpitaux nord-américains, et qui reçoit le prix Albert Londres, la distinction la plus haute de la profession. Déjà dans ce documentaire se mêlent les traits caractéristiques de ton œuvre : la révolte que t’inspirent les atteintes à l’intégrité des personnes guidées par la soif du profit ou l’idéologie ; la rigueur dans la construction de la preuve – sur quoi viendront chaque fois se briser les tentatives de remise en cause de tes démonstrations - ; la puissance rationnelle et émotionnelle de ta dénonciation des personnes ou des organisations qui contribuent à défaire les équilibres que les communautés humaines ou la nature ont souvent mis des siècles à construire patiemment.

En 2003, tu mets ton glaive – tu as fait tienne la devise d’Albert Londres : « porter la plume dans la plaie » – au service de la cause des disparus d’Argentine, en montrant comment des Français ont enseigné à la dictature argentine les techniques de la guerre moderne, non conventionnelle, expérimentées en Algérie. Le film, Escadrons de la mort, l’école française, démontre, grâce à l’obtention des témoignages bruts des principaux acteurs de ce drame, comment les militaires argentins ont été formés aux méthodes françaises de la torture et du renseignement et comment les « disparitions » ont été méthodiquement organisées. Tu prends des risques : tu te fais passer pour une jeune femme d’extrême droite, tu te jettes dans la gueule du loup…Le film provoque en Argentine une commotion nationale et permet l’ouverture de procès que l’on n’espérait plus. Les très nombreux articles consacrés à ce film le mettent bien en évidence : il a joué le rôle d’une véritable catharsis nationale, et a été l’instrument, comme l’étaient les pièces de théâtre dans la Grèce Antique, d’un retour sur soi, d’une mise à vif de l’abcès et d’une réconciliation nationale. Voici donc un autre trait majeur de ton œuvre : loin de se contenter d’offrir à nos sociétés un reflet plus ou moins fidèle, et plus ou moins complaisant, d’elles-mêmes, elle se place au service de l’expression de la vérité, elle vise à mettre au jour ce que l’on ne voulait pas voir, à le mettre sur la table et à permettre ainsi, pour tous ceux qui le souhaitent, d’alimenter la délibération publique, de conforter l’espace public tel qu’il a commencé à être envisagé au 18ème siècle : un espace de « publicité » où les citoyens bien informés peuvent participer à l’élaboration de la loi, et contribuer réellement, quotidiennement, patiemment au tissage, au maintien, au renforcement du lien qui les unit.

Tu me l’as dit, tu ne conçois ce métier de journaliste que comme la mise en œuvre permanente d’un idéal – ce que le métier est en soi, et ce qu’il devrait être mais qu’il est en réalité si peu : le quatrième pouvoir, cet indispensable pouvoir, sans lequel les trois autres ne peuvent pas subsister, ne peuvent que dysfonctionner. Une pièce maîtresse donc, de notre démocratie. Une condition sine qua non de sa permanence. Ta conception du métier est un véritable défi lancé à tous ceux qui, possesseurs d’une carte de presse et ayant embrassé cette profession, mettent celle-ci au service des intérêts particuliers et, ce faisant, contribuent à la défaite de la démocratie. Rien de plus édifiant à ce sujet que tes trois derniers films, qui forment à mes yeux une trilogie d’une incroyable force.

En 2008, tu réalises Le Monde selon Monsanto – De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien, qui sera suivi en 2010 de Notre poison quotidien, puis en 2012 de Les Moissons du futur.  Je parle d’une trilogie parce que ces trois films reviennent, de manière obsédante, sur les mêmes questions lancinantes, qui sont aujourd’hui autant de défis auxquels sont confrontées nos sociétés : comment éviter la marchandisation complète du monde et la privatisation des droits fondamentaux tels le droit à l’alimentation ou le droit à cultiver ses terres. Comment s’opposer aux multinationales qui, sous couvert d’efficacité – elles seules seraient en mesure de nourrir les neuf milliards de femmes et d’hommes que comptera notre planète en 2050 -, imposent leurs méthodes, leurs produits aux effets inconnus, leurs semences brevetées aux agriculteurs du monde entier au nom de l’efficacité et sont en train de s’approprier le cœur de la vie – l’alimentation – pour en faire le nerf de leur guerre ?

Je parle d’une trilogie parce que, je ne sais si tu l’avais conçu ainsi, les trois films constituent un ensemble démonstratif très puissant, précisément capable de s’opposer – alors qu’à première vue on a plutôt l’impression de la lutte de David contre Goliath – à l’armada et à la débauche de moyens dont disposent ces firmes, guidées par le seul souci de court terme d’augmenter leur profit et de maximiser les quantités vendues sous prétexte de rendements plus élevés. Dans cette lutte à armes inégales, tu disposes d’atouts de taille : ta souplesse (tu sautes allègrement d’un point à l’autre du globe : il faut aller vérifier un point en Inde, allons y, chercher un document à l’autre bout de l’hémisphère, partons sans tarder, entendre un témoin éloigné, allons à sa recherche) ; ta rigueur : tu fabriques de longues chaînes de raisons à la Descartes, - tu n’es pas française pour rien -, et aucun maillon ne manque ; ton courage : tu t’attaques à des intérêts extrêmement puissants, mais rien ne t’arrêtes, alors même que tu sais très bien qu’avec les moyens dont elles disposent, les multinationales dont tu remets les comportements en cause peuvent non seulement s’attacher les services de cohortes d’avocats mais surtout – et c’est ce que tu montres magnifiquement – s’acheter les études et les experts qu’elles souhaitent et s’attacher la bienveillance des autorités de régulation. Ton opiniâtreté aussi, qui te pousse à chercher le moindre indice, à vérifier le moindre élément, à rechercher les témoins, tous ceux qui ont été écartés, tous ceux que, comme en Argentine, on a voulu empêcher de parler. Tu redonnes, grâce à ta ténacité, une voix, une visibilité à tous ceux que l’on avait fait taire, parfois en les tuant, comme en Argentine, d’autres fois en les licenciant, en les mettant à mort professionnellement. Tu fais preuve d’une infinie patience en allant rechercher tous ces témoins bâillonnés auquel tu redonnes tout à la fois la parole et leur dignité.

En leur donnant le moyen de reprendre la parole, en exerçant vraiment ce beau métier de journaliste, en rendant à celui-ci toutes ses lettres de noblesse, tu permets un double approfondissement démocratique : d’abord, je l’ai dit, en menant une enquête tellement précise, en amenant des informations qui étaient restées tellement cachées, en démontrant de manière tellement impeccable, que tu exerces pleinement ce quatrième pouvoir, que tu donnes à l’ensemble des citoyens les moyens de savoir et donc de choisir. Tu les rends ainsi pleinement et réellement citoyens. Tu leur rends leur pouvoir d’agir. Tu leur rends leurs droits à eux aussi, mutilés qu’ils étaient par des medias qui trop souvent ne songent qu’à remplir de mensonges notre temps de cerveau disponible. Mais tu ne t’arrêtes pas là. Tu accomplis une autre prouesse : tu rends les citoyens à leur tour en état de t’imiter, c’est-à-dire d’exercer eux-mêmes leur vigilance et de mener l’enquête par eux-mêmes, comme toi. Tu constitues et tu te mets d’ailleurs en scène comme un exemple. C’est ce que j’ai particulièrement admiré dans Le Monde selon Monsanto : toi, derrière ton ordinateur, montrant de la manière la plus simple comment, lorsque l’on veut, on peut. Comment chacun d’entre nous dispose de l’ensemble des moyens pour mener l’enquête. C’est à une véritable entreprise d’éducation, de paideia que tu nous a conviés avec Le Monde selon Monsanto. Tu es filmée à ton ordinateur et tu nous dis, nous sommes pareils, vous et moi. Regardez  comment je fais, regardez comme c’est facile, regardez comme vous pouvez le faire : je me pose une question, comme vous, et voilà ce que je fais, je clique, je fais des liens, j’ouvre des documents, je leur pose des questions, je tente de les faire parler. Certes parfois je me déplace, je vais vérifier. Et cela tu continueras à le faire pour nous. Mais ton message principal, me semble-t-il, c’est : le quatrième pouvoir, - en réalité le premier -, c’est VOUS. Prenez le, exercez le, faites valoir vos droits, soyez des citoyens pleinement engagés, saisissez vous de tout ce que les moyens modernes de communication vous permettent de faire, rendez vivante notre démocratie.

Pourquoi cette trilogie est-elle par ailleurs si puissante, outre le fait qu’elle donne à chacun d’entre nous les moyens et surtout l’envie de devenir un citoyen actif, un citoyen engagé, mais aussi un professionnel engagé (je pense à tous ces chercheurs évincés qui nous convainquent – si nous en avions encore besoin – qu’il n’est plus possible pour un chercheur, de ne pas être engagé, de ne pas choisir son camp) ? Parce que tu ne t’arrêtes pas à la dénonciation. Tu ne te contentes pas de montrer la logique mortifère qui anime souvent ceux qui disent qu’ils nous veulent du bien. Tu nous montres, tu nous démontres qu’un autre monde est possible, qu’il existe d’autres branches de l’alternative, et, que, de surcroît, ces alternatives, loin de constituer un retour en arrière, une vision étriquée de la condition humaine et du progrès, un rétrécissement de nos aspirations, sont à la fois les plus rationnelles (oui, on peut nourrir neuf milliards d’habitants sans les faire périr d’ingestions massives de pesticides et d’OGM) mais aussi les plus sensuelles, les plus riches en émotions, les plus désirables, les moins desséchantes, celles qui nous permettent, en satisfaisant nos besoins fondamentaux – dont le premier d’entre eux, se nourrir – de prendre soin de la nature, de nos sociétés, et des liens qui les unissent.

Ton intérêt pour l’agro-écologie et pour les méthodes agricoles traditionnelles perçait déjà dans le Monde selon Monsanto. On y voyait déjà ces mexicains et ces indiens obligés d’abandonner leurs méthodes traditionnelles pour succomber aux mirages des propagandistes de la Révolution verte. Les alternatives étaient encore plus présentes dans Notre poison quotidien. Il n’est plus question que d’elles dans Les Moissons du futur, film gorgé de sensualité qui s’ouvre sur un magnifique d’un champ de maïs doré, sous les feuilles desquels se déploient de larges plantes conservant l’humidité et une énorme citrouille rebondie, dont la coexistence tranquille a pour nom la milpa. Tu nous montres pourquoi cela vaut le coup que nous nous battions pour ce monde, qui n’est ni complètement le monde ancien, même s’il renoue avec ce que les traditions avaient de meilleur, ni le monde moderne, même s’il en garde aussi le meilleur. Ce que tu nous proposes, dans cette réflexion très philosophique sur ce que nos manières d’organiser notre alimentation révèlent de nos rapports à la nature, c’est une voie qui prendrait pleinement en considération la nécessité de nourrir une population de plus en plus nombreuse tout en ayant renoncé à ce que les méthodes modernes ont eu d’excessif.

Tu nous proposes un autre modèle qui vise à concilier qualité et quantité et qui renoue à la fois avec les intuitions d’un Aldo Leopold qui écrivait dans son Almanach d’un comté des sables :  « le kilo, le quintal et la tonne ne sont pas l’unique mesure de la valeur nutritive des récoltes : les produits issus d’un sol fertile peuvent être supérieurs, d’un point de vue qualitatif aussi bien que quantitatif » et plus récemment avec les démonstrations d’un Jean Gadrey qui, dans Adieu à la croissance, nous enjoint de substituer à la poursuite effrénée et exclusive de gains de productivité (qui contribuent largement, nous le savons désormais, à la destruction du sens du travail) la recherche raisonnée de gains de qualité et de durabilité. Un autre modèle, un changement de civilisation, une bifurcation, voilà ce dont ces auteurs, mais aussi toi, moi, nous tous ici réunis, souhaitons l’avènement et connaissons l’urgence.

Et c’est bien pour cela que nous sommes réunis ici. Soyons clairs. En venant ici, nous ne souhaitions en aucune manière provoquer ou narguer, bien au contraire. Nous souhaitions consacrer à ce lieu, aux évènements qui s’y sont déroulés, aux aspirations contradictoires qui s’y sont exprimées, la réflexion qui convient. Nous souhaitions profiter de la pause qui a été accordée par les récents rapports publics pour tenter de comprendre la signification de ces conflits, pour leur conférer le sens qui convient. Nous sommes persuadées qu’il s’agit d’un moment et d’un lieu hautement symboliques, lourds de significations. Il s’agit peut-être d’un point central dans l’histoire de notre pays, et qui sait, dans celle du monde. Un point dans le temps et dans l’espace d’où pourrait s’organiser, où s’organise peut-être déjà en ce moment, sous nos yeux, avec nous, grâce à vous, la bifurcation tranquille que nous appelons de nos vœux. Cette bifurcation dont nous savons que si elle ne commence pas ici et maintenant, il sera trop tard, comme lorsqu’il s’agit de modifier la trajectoire d’un grand cargo très lourd dont on doit organiser les mouvements et les réactions à l’avance.

Si nous sommes ici aujourd’hui, tous calmement rassemblés, c’est parce que nous pensons que nous devons sortir du raisonnement séquentiel dans lequel nos sociétés sont restées enfermées : les pays occidentaux, et particulièrement certains pays européens dont la France, sont confrontés à une crise économique et sociale d’une extrême gravité. Pour sortir de cette crise, des prières montent vers le ciel : Donnez nous, s’il vous plait, encore une fois, quelques points de croissance. Et ensuite, c’est promis, nous accorderons l’importance qui convient à la crise écologique dont nous percevons bien l’extension mais qui ne peut être résolue qu’après. Ce que nous voulons dire aujourd’hui par notre présence, c’est que c’est peut-être ici et maintenant que nous avons la possibilité, l’occasion, kairos disaient les grecs (le moment qu’il faut saisir), d’engager le grand rebroussement dialectique qui nous permettra de résoudre à la fois la crise économique et sociale et la crise écologique, qui nous donnera la possibilité d’arrêter de remettre tous les jours au lendemain ce que nous pouvons faire le jour même, qui nous autorisera à sortir de cette cage d’airain de la consommation et de la production dont le grand sociologue Max Weber avait compris la logique dans L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme.

Ce qu’ont refusé ici des collectifs très différents, collectifs d’élus, de paysans, de pilotes, d’avocats, d’habitants, c’est le caractère excessif, disproportionné, pervers de la logique qui s’est développée depuis le 18ème siècle dans le monde occidental et qui a fait des quantités produites, du rendement à tout prix et de la maximisation du profit le critère de réussite d’une société. Ce que soutiennent les collectifs opposés à une certaine conception du développement économique – celle là même qui conduit à la financiarisation du monde et à ses désastres - c’est qu’il faut retrouver le sens de la mesure, de la limite, de la proportionnalité des moyens aux fins poursuivies. Mais aussi qu’il est grand temps aujourd’hui, même si d’autres pays semblent emportés dans la folie du développement à tout prix, - ce pseudo développement qui met en coupe réglée la nature, les humains et tout ce à quoi nous tenons - de faire une pause et de considérer les menaces qui s’accumulent : de prendre au sérieux les rapports du GIEC ; les travaux des scientifiques qui crient dans le désert ; les articles de plus en plus inquiétants des chercheurs (je pense à l’article publié par la revue Nature en juin dernier, par 22 scientifiques qui écrivent que nous sommes en train de franchir des seuils critiques et que « désormais les humains dominent la Terre et la modifient selon des modalités qui menacent sa capacité à nous supporter, nous et les autres espèces ») ; les avis de la Commission Stiglitz qui, dans la suite des critiques développées par l’école française des nouveaux indicateurs de richesse dans les années 90, a reconnu officiellement, que le PIB était un indicateur pervers, qui nous menait dans le mur et que nous devions d’urgence changer d’indicateurs et de boussoles. Quand tirerons-nous toutes les conséquences de ces rapports et des signaux de plus en plus nombreux qu’envoient tous ces lanceurs d’alerte ? Quand serons-nous capables d’opérer la véritable conversion qui convient à notre temps, de redéfinir le progrès, de changer d’indicateurs, et de mettre au cœur de nos efforts et de nos représentations ce qui compte vraiment, ce à quoi nous tenons le plus ? Quand serons-nous capables comme l’écrivait Bertrand de Jouvenel dès 1957 dans des textes d’une incroyable actualité, de devenir les jardiniers de la Terre ?

En nous arrêtant ici aujourd’hui, si nombreux, après les chaînes humaines et les appels à un changement de modèle de tant d’autres citoyens, nous tentons, à notre modeste niveau, de contribuer à l’engagement de notre pays dans la Grande bifurcation. Et si nous le faisons seuls, si nous le faisons les premiers, c’est peut-être que nous aurons été capables, une nouvelle fois, de montrer l’exemple au reste du monde, de mettre en évidence que l’on peut prévenir l’avènement des catastrophes, et que la raison peut triompher. Non pas la raison calculante et desséchante dont Horkheimer et Adorno avait montré l’extension et la contribution à l’avènement de la barbarie mais la raison sensible, cette raison qui n’envisage pas l’homme comme transcendant la Nature mais comme faisant partie d’elle, cette raison incarnée, vivante, joyeuse. Cette raison, chère Marie Monique dont tes films et tes livres font l’apologie. Cette raison dont les philosophes des Lumières avaient fait leur emblème et que tu contribues à défendre, comme le mot d’ordre de l’époque : Sapere Aude, Ose savoir. Pour  tout cela, chère Marie-Monique, nous voulons te remercier.

1 commentaire:

  1. Très bon discours où l'objection de croissance est à l'honneur !
    Thierry Brulavoine
    Mouvement des Objecteurs de Croissance (MOC)
    http://www;les-oc.info

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