Au nom du Collectif des élus, le CéDpa, je veux dire d’abord notre soutien sans faille aux agriculteurs que l’on
veut faire partir de leurs terres et qui
savent que l’année 2012 sera cruciale. 82 exploitations touchées dont 15
disparaitraient et 30 seraient fragilisées. Et ce ne serait qu’un détail ?
Un simple dommage collatéral ou un simple
problème technique à résoudre ? Non, ce serait un gâchis agricole,
environnemental et humain irréversible.
Je veux dire aussi notre détermination à poursuivre le
combat contre ce projet inutile, coûteux et destructeur.
Si nous sommes déterminés, c’est parce que nous ne pouvons
accepter l’incohérence qui consiste à afficher d’un côté dans les documents
d’urbanisme ( SCOT, PLU) et dans les politiques d’aide à l’agriculture des
collectivités (que ce soit le Département, la Région ou Nantes-Métropole) de
belles idées sur le maintien des terres agricoles et d’une agriculture paysanne
et de l’autre sacrifier des milliers
d’hectares à des infrastructures dont l’utilité sociale n’est pas avérée. Et je mets sciemment infrastructures au pluriel,
parce qu’avec le nouvel aéroport revient
le rêve insensé d’un nouveau franchissement, pont ou tunnel, au cœur de l’estuaire et encore de nouvelles
routes et voies ferrées…
Si nous sommes déterminés c’est parce que nous ne pouvons
accepter qu’au moment même où l’on dit avoir pris conscience de l’importance du
bocage et des zones humides, où toutes les communes recensent arbres, haies et
mares, on aille détruire précisément une des zones les plus riches du
département pour poser à l’horizontale 11 000 places de parking ! Si nous
sommes déterminés, c’est parce que nous ne pouvons accepter qu’on nous impose
et qu’on impose aux populations que nous représentons le modèle de
développement que soutend cet aéroport : métropolisation, concurrence,
aveuglement devant la crise énergétique et écologique en cours.
Je veux dire enfin notre colère. Notre colère devant un
montage financier scandaleux qui consiste à prêter de l’argent public à un
groupe qui n’en a nul besoin, à garantir ses emprunts, à accepter benoîtement
que les fonds propres de ses actionnaires soient rémunérés à 12% alors que
toutes les collectivités publiques se plaignent à juste titre de l’étranglement
financier qui les oblige à augmenter les impôts locaux, les plus injustes qui
soient. Notre colère devant le silence
inouï –si j’ose dire- des porteurs du projet face à nos questions et à nos
arguments. Nous avons fourni une étude économique qui met à mal les fondements
mêmes du dossier et avons demandé l’abrogation de la DUP de 2008. Nous sommes partie prenante des
recours juridiques en cours et à venir dont malheureusement aucun n’est
suspensif. Mais nous savons que ce projet est d’abord un projet politique,
c’est pourquoi nous ne lâcherons pas en cette période électorale la pression
qu’il faut exercer collectivement sur les candidats qui sollicitent nos
suffrages. Un certain nombre d’entre eux nous ont dit leur soutien. Comment
ceux qui sont encore pour ce projet pourraient-ils
être crédibles sur l’avenir de la France, les changements nécessaires s’ils ne
sont pas capables de voir les failles de ce dossier, les mensonges et les abdications devant l’intérêt privé ?
On voudrait nous faire croire que c’est trop tard, que plus
rien ne peut arrêter maintenant le rouleau compresseur, on voudrait nous
désunir et discréditer notre résistance.
Nous ne devons pas céder non plus à cette ultime tentative. C’est parce que la
contestation des paysans rencontre celle des citoyens qui veulent un autre
monde, c’est parce que notre mobilisation collective rencontre celle d’autres
ailleurs, en France et en Europe contre d’autres projets inutiles que nous
sommes forts et que nous pourrons gagner.
Aujourd’hui
en Allemagne, se tiennent des manifestations contre la réalisation de pistes supplémentaires sur des aéroports ;
elles s’inscrivent dans la même logique que notre lutte. Et nous saluons nos
amis engagés là-bas à Francfort ou à Munich, comme en ce moment ils nous
saluent nous à Nantes.
Comme moi, vous avez lu les dernières déclarations et
justifications données par le maire de Nantes : il parle d’un
« aéroport simple et modeste qui n’utilisera que 736 ha de terres agricoles
et ne coûtera que 17M€ à Nantes-Métropole, soit un demi-pont. » Eh bien
nous voulons dire aux Nantais qu’un aéroport simple et modeste, nous en avons
déjà un, qui fonctionne bien, qui n’est pas plus dangereux que le tunnel
ferroviaire qui traverse la ville sur 3km, qui peut être optimisé sans qu’il en
coûte quoi que ce soit au contribuable. Et que les 115 M€ d’argent public, dont
font partie les 17 de Nantes-Métropole
peuvent donc servir à autre chose. A financer la deuxième partie d’un
pont s’il en faut encore un à Nantes, ou
à bâtir un nouveau mode de consommer, d’habiter, de se nourrir, de se déplacer.
A bâtir le monde de demain. Et ce monde, c’est nous tous qui le représentons
cet après-midi, ensemble, dans nos
différences.
Nous disons aux Nantais et
aux habitants du département : que
chacun s’empare de ce dossier, regarde
les chiffres et les faits que méthodiquement nous avons mis en lumière, que
chaque citoyen interpelle les élus de sa commune, de son canton, pour faire
vaciller la certitude de ceux trop
nombreux qui ne connaissent même pas vraiment le dossier…Les porteurs de projet
sont obstinés ? Oui mais nous le
sommes aussi, et notre détermination est intacte. Nous ne céderons pas. Nous ne
voulons ni pistes, ni parkings à
NDL, nous voulons garder les terres
et les paysans. Nous les
garderons !
Françoise Verchère, pour le CéDpa
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