Mesdames, Messieurs les député-e-s
Nous nous présentons aujourd’hui devant vous au nom de 40 000 citoyens, 1200 élus de tendances politiques différentes et de très nombreux agriculteurs, dans toute leur diversité syndicale.
Nous en appelons à vous dans ce dossier car nous contestons la pertinence de la réalisation d’un nouvel aéroport près de Nantes et sa localisation.
Le site de Notre Dame des Landes a été retenu il y a cinquante ans. Constitué de 98% de zones humides, c’est la tête de deux bassins versants des fleuves Loire et Vilaine, et une zone de production laitière qui serait complètement déstructurée par la réalisation de cet équipement sur une surface de 1650 ha.
Je suis agriculteur sur la zone impactée et peux témoigner que nous avons su adapter nos pratiques aux particularités de cette grande zone humide ; nous y pratiquons un élevage laitier productif compatible avec la nouvelle PAC. Toutes les organisations agricoles dénoncent la perte régulière de terres et l’artificialisation très rapide dans notre département. Ce projet entraînerait la disparition pure et simple de 15 exploitations et de près de 500 emplois indirects dont on ne parle jamais. Nous vivons très mal la présence militaire continue depuis six mois, et le harcèlement du porteur de projet pour faire accélérer notre départ. Les difficultés sont quotidiennes et permanente pour continuer notre travail. La résistance paysanne est forte : nous voulons rester sur place, continuer à cultiver, à élever nos animaux et empêcher la destruction des sièges d’exploitation. L’agriculture a un avenir et peut créer de l’emploi, si on lui laisse ses terres et ses bâtiments.
Il nous semble que ce projet contrevient aux règles du droit européen sur plusieurs points : la directive cadre sur l’eau, la protection des zones humides, des habitats et des espèces. En effet, l’organisation du débat en France fait que la question de la loi sur l’eau n’a été regardée qu’en 2012, alors que le débat public date de 2003 et la déclaration d’utilité publique de 2008, le gouvernement français s’obstine dans cette localisation à cause de la réserve foncière constituée depuis 1973. Il est à la fois juge et partie dans ce projet, il n’a jamais proposé de solution alternative et pour pouvoir compenser une destruction manifeste de zones naturelles, il s’emploie à contourner les principes fondamentaux de la loi sur l’eau.
Nous nous interrogeons aussi sur le montage financier qui prévoit d’importants fonds publics, sous forme de subventions directes ou d’avances remboursables. La contre-expertise que nous avons fait réaliser par un bureau d’études néerlandais indépendant montre les erreurs ou mensonges de l’étude initiale coûts/bénéfices qui a conduit à la déclaration d’utilité publique. Le nouvel aéroport prévu aujourd’hui ne ressemble que de loin à celui qui devait être réalisé à l’origine. Deux pistes alors qu’une seule suffirait, mais trop courtes pour accueillir des gros porteurs, une aérogare prévue pour 4,5M de voyageurs, à peine plus importante que l’actuelle qui peut aller jusqu’à 4M, pas de liaisons ferroviaires à l’ouverture et peut-être jamais, mais près de 10 000 places de parkings, à l’horizontale ce qui est un terrible gaspillage ! Et l’on ne voit pas en quoi cet équipement amènerait l’ouverture de nouvelles lignes et modifierait la stratégie des compagnies aériennes.
En réalité, l’aéroport actuel, déjà international, peut tout à fait être optimisé et son aérogare agrandie pour faire face aux besoins ; il peut être desservi par le tramway et/ou le train, les procédures d’atterrissage sont améliorables et réduiraient les nuisances sonores occasionnées par le survol de la ville, les zones non urbanisables à cause de l’aéroport sont peu importantes et l’agglomération poursuit aujourd’hui sa densification sans problème. Bref, il existe une alternative. Crédible et moins coûteuse.
Nous voudrions enfin vous dire qu’il y a urgence car les porteurs du projet souhaitent créer une situation irréversible comme en témoignent l’annonce du début des travaux dans les tous prochains jours pour les accès routiers, la poursuite des destructions de maisons cet hiver et cette photo des fouilles archéologiques engagées, sous protection militaire tout récemment.
Dans cette course contre la montre, recevoir notre pétition, c’est dire l’importance que vous accordez au respect par les États membres des directives européennes qui entendent dessiner un modèle où l’espace agricole ne serait pas gaspillé, où l’eau des rivières bretonnes aurait des chances de retrouver une qualité correcte, où la préservation de la biodiversité ne serait pas qu’un discours.
Nous vous invitons à venir voir sur place l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique et le site pressenti de Notre Dame des Landes. Vous comprendrez sans doute ainsi l’incroyable mobilisation en cours pour éviter l’irréversible. Et la résistance qui se manifeste sur place et partout en France.
Merci infiniment de votre attention.
Françoise Verchère, coprésidente du collectif d’élu-e-s opposés à NDL, ancienne maire de la commune d’implantation de l’actuel aéroport.
Sylvain Fresneau, agriculteur membre de l’ACIPA.
Nous nous présentons aujourd’hui devant vous au nom de 40 000 citoyens, 1200 élus de tendances politiques différentes et de très nombreux agriculteurs, dans toute leur diversité syndicale.
Nous en appelons à vous dans ce dossier car nous contestons la pertinence de la réalisation d’un nouvel aéroport près de Nantes et sa localisation.
Le site de Notre Dame des Landes a été retenu il y a cinquante ans. Constitué de 98% de zones humides, c’est la tête de deux bassins versants des fleuves Loire et Vilaine, et une zone de production laitière qui serait complètement déstructurée par la réalisation de cet équipement sur une surface de 1650 ha.
Je suis agriculteur sur la zone impactée et peux témoigner que nous avons su adapter nos pratiques aux particularités de cette grande zone humide ; nous y pratiquons un élevage laitier productif compatible avec la nouvelle PAC. Toutes les organisations agricoles dénoncent la perte régulière de terres et l’artificialisation très rapide dans notre département. Ce projet entraînerait la disparition pure et simple de 15 exploitations et de près de 500 emplois indirects dont on ne parle jamais. Nous vivons très mal la présence militaire continue depuis six mois, et le harcèlement du porteur de projet pour faire accélérer notre départ. Les difficultés sont quotidiennes et permanente pour continuer notre travail. La résistance paysanne est forte : nous voulons rester sur place, continuer à cultiver, à élever nos animaux et empêcher la destruction des sièges d’exploitation. L’agriculture a un avenir et peut créer de l’emploi, si on lui laisse ses terres et ses bâtiments.
Il nous semble que ce projet contrevient aux règles du droit européen sur plusieurs points : la directive cadre sur l’eau, la protection des zones humides, des habitats et des espèces. En effet, l’organisation du débat en France fait que la question de la loi sur l’eau n’a été regardée qu’en 2012, alors que le débat public date de 2003 et la déclaration d’utilité publique de 2008, le gouvernement français s’obstine dans cette localisation à cause de la réserve foncière constituée depuis 1973. Il est à la fois juge et partie dans ce projet, il n’a jamais proposé de solution alternative et pour pouvoir compenser une destruction manifeste de zones naturelles, il s’emploie à contourner les principes fondamentaux de la loi sur l’eau.
Nous nous interrogeons aussi sur le montage financier qui prévoit d’importants fonds publics, sous forme de subventions directes ou d’avances remboursables. La contre-expertise que nous avons fait réaliser par un bureau d’études néerlandais indépendant montre les erreurs ou mensonges de l’étude initiale coûts/bénéfices qui a conduit à la déclaration d’utilité publique. Le nouvel aéroport prévu aujourd’hui ne ressemble que de loin à celui qui devait être réalisé à l’origine. Deux pistes alors qu’une seule suffirait, mais trop courtes pour accueillir des gros porteurs, une aérogare prévue pour 4,5M de voyageurs, à peine plus importante que l’actuelle qui peut aller jusqu’à 4M, pas de liaisons ferroviaires à l’ouverture et peut-être jamais, mais près de 10 000 places de parkings, à l’horizontale ce qui est un terrible gaspillage ! Et l’on ne voit pas en quoi cet équipement amènerait l’ouverture de nouvelles lignes et modifierait la stratégie des compagnies aériennes.
En réalité, l’aéroport actuel, déjà international, peut tout à fait être optimisé et son aérogare agrandie pour faire face aux besoins ; il peut être desservi par le tramway et/ou le train, les procédures d’atterrissage sont améliorables et réduiraient les nuisances sonores occasionnées par le survol de la ville, les zones non urbanisables à cause de l’aéroport sont peu importantes et l’agglomération poursuit aujourd’hui sa densification sans problème. Bref, il existe une alternative. Crédible et moins coûteuse.
Nous voudrions enfin vous dire qu’il y a urgence car les porteurs du projet souhaitent créer une situation irréversible comme en témoignent l’annonce du début des travaux dans les tous prochains jours pour les accès routiers, la poursuite des destructions de maisons cet hiver et cette photo des fouilles archéologiques engagées, sous protection militaire tout récemment.
Dans cette course contre la montre, recevoir notre pétition, c’est dire l’importance que vous accordez au respect par les États membres des directives européennes qui entendent dessiner un modèle où l’espace agricole ne serait pas gaspillé, où l’eau des rivières bretonnes aurait des chances de retrouver une qualité correcte, où la préservation de la biodiversité ne serait pas qu’un discours.
Nous vous invitons à venir voir sur place l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique et le site pressenti de Notre Dame des Landes. Vous comprendrez sans doute ainsi l’incroyable mobilisation en cours pour éviter l’irréversible. Et la résistance qui se manifeste sur place et partout en France.
Merci infiniment de votre attention.
Françoise Verchère, coprésidente du collectif d’élu-e-s opposés à NDL, ancienne maire de la commune d’implantation de l’actuel aéroport.
Sylvain Fresneau, agriculteur membre de l’ACIPA.
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