COMMUNIQUE DU 16 DECEMBRE 2013 – COLLECTIF DES AVOCATS ET JURISTES
Par
un communiqué en date du 13 décembre 2013, le Président du Conseil
Régional des Pays de la Loire et du syndicat mixte aéroportuaire (SMA) a
fait un point sur la situation de l’aéroport du Grand Ouest, suite à la
réunion du Comité de Suivi des Engagements de l’Etat et des
Collectivités.
A cette occasion, il a notamment abordé
la question des recours ayant été jugés au cours de l’année 2013, et
l’impact des décisions rendues sur l’accord politique du 8 mai 2012. Cet
accord, intervenu suite à une grève de la faim d’opposants pendant
plusieurs semaines, garantit l’absence d’expulsion des exploitants et
habitants avant que les juridictions administratives et judiciaires ne
statuent sur un certain nombre de recours.
Si la Cour
de Cassation a décidé le 29 janvier 2013 (et non le 6 février) de radier
les pourvois introduits par plusieurs opposants contre les ordonnances
procédant à leur expropriation, cette radiation est une simple mesure
administrative. Elle est présentée à tort par le Président du Conseil
Régional comme un rejet du recours.
En réalité, ce
n’est qu’une fois que toutes les voies de recours auront été épuisées
concernant les arrêtés de cessibilité que la Cour de Cassation sera
amenée à se prononcer sur le fond de ce recours, sans qu’il soit
nécessaire d’introduire une nouvelle requête. En effet, une procédure
est actuellement devant la Cour Administrative d’Appel de Nantes contre
ces arrêtés de cessibilité. Le Président de la juridiction a d’ailleurs
décidé de rouvrir l’instruction de l’affaire le 12 décembre suite à la
communication de mémoires en réplique par les requérants.
En
second lieu, le rejet par le Conseil d’État le 17 octobre 2013 de la
demande d’abrogation de la déclaration d’utilité publique,
malheureusement prévisible, ne clôt aucunement le débat sur l’utilité
publique du projet. L’instance devant la Cour Administrative d’Appel de
Nantes concerne fondamentalement l’utilité publique du projet, les
opposants remettant en cause la légalité de la DUP, fondement des
arrêtés de cessibilité, et exigeant une expertise indépendante sur les
bases économiques et environnementales de cette dernière.
Dès lors, l’accord politique du 8 mai 2012 ne peut être caduc et est bel et bien toujours en vigueur !
En
troisième lieu, la Commission Européenne a assuré, le 17 septembre
dernier, que la procédure de vigilance à l’égard du projet d’aéroport du
Grand Ouest était toujours ouverte, refusant de se prononcer
définitivement sur un projet pour lequel toutes les autorisations
n’avaient pas encore été délivrées. Elle n’a donc aucunement validé le
projet sur le plan du droit européen. A ce titre, la Commission est
rendue destinatrice des derniers éléments relatifs aux procédures « loi
sur l’eau » et « espèces protégées », qui lui permettront de se
prononcer sur le respect des directives environnementales.
Au
regard de ces éléments, nous invitons le Président du Conseil Régional
et du SMA à prendre connaissance en détail des décisions de justice ou
d’organes politiques auxquelles il fait référence, au risque de
travestir une réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît, le projet
d’aéroport du Grand Ouest ne devant sa survie qu’à une scission des
procédures opportunément agencée par les maîtres d’ouvrages et dont les
juridictions peinent pour l’instant à tirer toutes les conséquences.
Pour
les arrêtés « loi sur l’eau » et « espèces protégées » dont la parution
est dite imminente, nous les soumettrons à l’examen du juge dans les
meilleurs et les plus brefs délais les enjeux entourant le respect de
ces procédures environnementales dépassant de loin le simple cadre du
projet d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
La
grève de la faim de plusieurs opposants et l’accord politique en ayant
découlé ne sauraient être méprisés de la sorte. Le respect de l’État de
Droit, que le Président du Conseil Régional appelle si souvent de ses
vœux, passe avant tout par un respect des procédures engagées légalement
par les opposants, et par la délivrance d’une information objective sur
ces dernières aux citoyens.
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